Le Temps-Agences - Le Premier ministre libanais Saad Hariri a réitéré hier l'engagement de son bloc parlementaire à collaborer avec le tribunal de l'ONU chargé d'enquêter sur l'assassinat de son père Rafic, au lendemain d'un appel du Hezbollah à boycotter cette instance. "Le bloc insiste sur son engagement envers le tribunal, qui a fait consensus auprès des Libanais comme une forme de protection du pluralisme politique", a indiqué le bureau de M. Hariri dans un bref communiqué publié à l'issue d'une réunion du bloc dirigé par le Premier ministre. "Le bloc a invité toutes les parties politiques à respecter (les décisions) du dialogue national sur l'enquête entreprise par le bureau du procureur du tribunal international", a-t-il ajouté. Des personnalités alliées de la majorité parlementaire, appuyée par les pays occidentaux, avaient dénoncé auparavant, dans des termes plus virulents, la déclaration de Hassan Nasrallah, chef du puissant parti chiite, soutenu lui par Damas et Téhéran. "Si le gouvernement libanais répond à l'appel de Nasrallah, le Liban va devenir un pays en confrontation avec la communauté internationale et finalement, un pays qui rejette les résolutions internationales", a déclaré le député Ahmad Fatfat à une radio locale. Le leader chrétien Samir Geagea, dont les Forces libanaises sont un allié clé de M. Hariri, a appelé lui le président Michel Sleimane et le Premier ministre à une réunion d'urgence sur cette affaire. Le député chrétien Sami Gemayel, membre des Phalanges, a qualifié la déclaration de Nasrallah de "nouvel épisode de la terreur et de l'intimidation auxquelles le Hezbollah a recours pour soumettre les Libanais". Hassan Nasrallah a exhorté jeudi soir les Libanais à boycotter le TSL, affirmant que toute coopération avec les enquêteurs serait une "agression" contre le mouvement chiite. Il a expliqué que sa déclaration était motivée par un incident survenu la veille dans une clinique gynécologique de la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, où des enquêteurs du TSL se sont vu empêcher l'accès à des dossiers, après une altercation avec des femmes. "Face à ce comportement scandaleux des enquêteurs (...) nous demandons à tout responsable et tout citoyen libanais de les boycotter", a-t-il dit lors d'une allocution diffusée par la chaîne Al-Manar du Hezbollah. Un bras de fer oppose le camp de Saad Hariri à celui du Hezbollah, qui accuse le TSL d'être "politisé" et d'avoir basé son enquête sur de faux témoignages. Le mouvement chiite s'attend à ce que le TSL accuse des membres du parti d'implication dans le meurtre. L'envoyé spécial de l'ONU au Liban, Terje Roed Larsen, a jugé jeudi à New York que la situation était "hyper dangereuse" alors que l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU accusait la Syrie et l'Iran de continuer à armer le Hezbollah. Oussama Safa, directeur du Centre libanais pour les études politiques, minimise cependant les risques de violences dans l'immédiat.