Il y a pratiquement un cimetière pour chaque espèce ou chaque phénomène : celui des humains bien sûr, mais aussi celui des chiens, des voitures, des saumons, des éléphants, des étrangers, celui des vieux trains, des vieilles pierres… tout cela est plausible, voire nécessaire mais que le livre de Zaf'on s'ouvre sur le Cimetière des Livres Oubliés, cela vous laisse, pour le moins, perplexe. Qu'est-ce donc que ce drôle d'endroit où un homme emmène son petit garçon – Daniel Sampère, le narrateur – dans un lieu mystérieux du quartier gothique de Barcelone où il l'a convié à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y « adopter » un volume parmi des centaines de milliers. Le jeune garçon va rencontrer « l'ombre du vent » un livre qui va changer le cours de sa vie et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets « enterrés dans l'âme de la ville ». Daniel avait perdu sa maman le jour de son quatrième anniversaire mais son père et lui continuent à agir comme si elle était encore en vie. A-t-il le droit de parler à sa maman de sa secrète histoire avec le livre, demande-t-il à son père ? « Evidemment, répond ce dernier, pour ta maman nous n'avons aucun secret. Le père tenait une librairie et prévoyait déjà qu'allant sur ses onze ans, Daniel va pouvoir bientôt lui succéder a la tête de cette petite entreprise familiale. Initié par un dénommé Issac à la connaissance du Cimetière des Livres Oubliés Daniel va comprendre que ce lien est un sanctuaire où chaque livre, chaque volume à une âme. Celle de celui qui l'a écrit, de ceux qui l'ont lu, ont vécu et rêvé avec lui. Outre la lourde responsabilité de prendre soin de tous les livres dont chacun a été le meilleur ami de quelqu'un, la coutume veut que Daniel adopte personnellement un livre et qu'il fasse en sorte qu'il ne disparaisse jamais. Il adopta « l'ombre du vent » de Julian Carax ou bien peut –être qu'il fût plutôt adopté par ce livre dont il ne connaissait jusque-là ni le titre ni l'auteur. Qu'à cela ne tienne. A la première lecture, ce livre va réveiller chez le jeune adolescent l'envie de rechercher sa propre vie dans celle de l'auteur. Plus tard grâce à Barcelo' un ami à son père, Daniel va faire la connaissance de Clara, la nièce de ce dernier. La première fois où il la rencontra, elle était habillée de blanc et ressemblait à un ange. Il découvrit rapidement qu'elle était aveugle et les événements l'amenèrent rapidement à être son lecteur attitré… Les onze ans et le fait qu'elle ait le double de son âge, ne seront pas un obstacle pour l'éclosion d'une histoire d'amour qui ne tardera pas – hélas – à être brouillée dans le chaudron saucé de sang ou le « diable » fait cuire tous les rêves des amants romantiques. Clara n'était pas l'ange qu'il crût percevoir lors de leur première rencontre. Elle était mûe par une avidité animale, désespérée. Mais comme ce qu'il y a de meilleur avec les femmes c'est de les découvrir, Daniel va continuer son aventure aux multiples ramifications à travers une mémoire qui appartient à quelqu'un d'autre. Et si les livres étaient la vraie vie et que nous n'étions que les marionnettes qu'ils enfantent ? Chacun d'entre nous serait adopté par un livre qu'il n'aurait même pas choisi.