La trentaine, marié sans enfants, il dirige une troupe de musique populaire. Le protagoniste dans cette affaire, a quitté sa ville natale , pour venir s'installer dans la capitale. Il a comparu en état d'arrestation devant la deuxième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis pour répondre de constitution d'une association dans le but de faciliter l'émigration clandestine de jeunes gens désireux de rejoindre l'Europe. C'est lui qui prépare le terrain afin qu'ils puissent quitter illicitement le territoire tunisien à travers un pays voisin et de rejoindre l'Italie à bord d'embarcations de fortune. Une dizaine de jeunes hommes ont été arrêtés alors qu'ils essayaient de traverser la frontière. Leur interrogatoire a permis d'identifier le responsable de ces « croisières » qui n'était autre que le musicien. Il touchait en effet, la somme de trois milles cinq cents dinars par personnes. Arrêté il a nié être l'auteur de ces opérations. Durant toutes les étapes de l'enquête il n'a fait que réfuter cette accusation. Il a déclaré qu'il s'agissait d'une accusation calomnieuse. Devant le juge, il a tenu les mêmes déclarations. Pourtant certains parmi les jeunes arrêtés faisaient partie des membres de sa troupe musicale. Le juge lui a demandé de lui dire les raisons qui ont poussé ces jeunes à l'accuser ; il a répondu qu'ils le connaissaient, étant issus de la même ville et ayant passé plusieurs années de leur scolarité avec lui. Ces personnes lui en voulaient , vraisemblablement à cause des litiges entre eux datant d'une dizaine d'années, a-t-il précisé au tribunal. Le juge lui a alors demandé les raisons qui l'ont poussé à les intégrer dans sa troupe. Il a répondu qu'il le faisait par solidarité, et qu'il n'a jamais pensé qu'ils pourraient un jour l'accuser. Son avocat a essayé de convaincre les juges que le dossier était vide de tout élément tangible pouvant confirmer l'accusation. Aucune somme importante n'a été saisie chez l'inculpé. Il s'agit de jeunes issus du même milieu. Le fait que l'inculpé ait pu réussir dans sa vie professionnelle a fait naître chez les accusateurs un sentiment de haine et de jalousie. Il a demandé au juge, faute de preuve, de prononcer l'acquittement. L'affaire a été mise en délibéré.