On a presque tout dit des problèmes rencontrés par l'Espérance lors de son déplacement à Lubumbashi. Nous écrivons presque dans la mesure où d'autres dépassements n'ont pas été évoqués. Présent comme à son habitude aux entraînements de l'Espérance, Hamdi Meddeb a accepté non sans difficultés de nous livrer d'autres détails sur l'épreuve vécue dès l'arrivée de la délégation de l'Espérance dans la province du Katanga où siège en maître absolu un certain Moïse Katembe. Lequel a tout mis en œuvre pour faire de cette finale aller de la Ligue africaine des champions une véritable supercherie. Hamdi Meddeb reste, néanmoins, lucide en évoquant le court terme de l'équipe et s'engage à étoffer encore plus l'effectif actuel en joueurs (deux voire trois) de grande qualité. « Je n'abandonnerai pas l'Espérance quelle que soit l'issue de la finale retour de samedi prochain », a-t-il martelé. Interview. Le Temps : Quel jugement portez-vous, à tête froide, sur le court séjour de l'Espérance à Lubumbashi ? H. Meddeb : Vous oubliez de coller le mot cauchemardesque au mot séjour car c'en fut bien une aventure que je n'ai jamais vécue tout au long de mes déplacements avec l'Espérance. Tenez, cela a commencé lors de l'atterrissage de notre avion sur une des pistes de l'aéroport de Lubumbashi , des frayeurs, nous en avons connues. • Dois-je comprendre qu'on vous a empêchés d'atterrir ? -Dans lequel cas, on aurait rebroussé chemin. Seulement, la tour de contrôle de Lubumbashi a orienté le commandant de bord de notre avion sur une piste, je dirais, non réglementaire. Impossible pour un long courrier comme le nôtre de pouvoir y atterrir sans danger car de courte distance. Il a fallu tout le sang froid et l'expérience du commandant de bord pour freiner brusquement à temps et empêcher l'avion de poursuivre sa course hors de la piste avec les conséquences qui pouvaient en découler. • Une entrée en matière qui annonçait donc d'autres désagréables surprises ? -En effet. Deux minibus ont été mis à la disposition des joueurs, du staff technique et des autres accompagnateurs ? Quant à moi, j'effectuais mes déplacements dans la voiture de l'ambassade de Tunisie dans la mesure où le véhicule mis à ma disposition n'avait rien d'une voiture du rang d'un chef de délégation, président d'une institution qui a pour nom Espérance. • Et pas moyen de faire la moindre réclamation ? -Réclamer auprès de qui ? Personne à l'accueil côté TPMazembe. C'est pour dire que le ton était donné d'entrée, c'était visible et nous avons saisi le message et averti toutes les composantes de la délégation. En vain. • C'est-à-dire ? -Nous nous attendions à quelques provocations mais pas d'une telle gravité. L'arbitrage, il vaut mieux ne pas en parler. Il était clair que ce sieur de Kokou était bien renseigné sur les numéros des joueurs qu'il devait mettre hors d'état de nuire à l'équipe adverse. Et ce une minute à peine après le coup d'envoi à travers son avertissement verbal à Michael. La suite vous la connaissez à un point tel que j'ai vu Youssef Msakni jouer tout en séchant ses larmes. Difficile à vivre. • Et ces officiels de la CAF délégués à Lubumbashi pour veiller sur le bon déroulement du match ? -Je n'aimerais pas m'étendre sur leur comportement, je dirais tout simplement que leur complicité était parfaite avec l'arbitre Kokou et ses assistants. A titre d'exemple : après le 1er but du TP Mazembe, j'ai quitté ma place sur les gradins pour aller au devant de mes joueurs pour les calmer. Les officiels que vous venez d'indiquer ont émis un niet catégorique avec un non en arabe (la) m'empêchant de parler à mes joueurs : tu ne passeras pas s'est exclamer le commissaire de match. • De quoi vous acculer à traiter la délégation du TPMazembe de la même manière à son arrivée à Tunis ? -Non, ce n'est pas dans les traditions de l'Espérance d'accueillir de cette manière ses hôtes. Je sais que cela ne va pas plaire à beaucoup mais j'aime leur rappeler que le Tunisien a le sens de l'hospitalité , que l'Espérance est une grande institution qui fêtera son centenaire dans quelques années. Je profite de l'occasion pour lancer un appel à nos supporters pour qu'ils viennent nombreux samedi prochain à Radès. Je les exhorte à faire preuve de calme et de fair play. Je tiens à leur dire qu'on nous attend au tournant et qu'ils ne doivent pas présenter sur un plateau la moindre occasion pour sanctionner l'équipe. • Avez-vous rendu visite à vos joueurs après la fin du match ? -C'est la moindre des choses que je devais faire et croyez moi, cela n'a pas été facile pour moi de voir l'état de frustration des joueurs, ils étaient tous abattus et en pleurs prononçant sans arrêt le mot injuste. J'ai fait de mon mieux pour les calmer en leur faisant comprendre que même, si l'Espérance a commencé par ouvrir le score, l'arbitre aurait tout fait pour lui faire perdre le gain du match sur un score très lourd. Cinq, six buts d'écart pour permettre aux Congolais d'aborder la finale retour sans crainte. • Qu'attendez-vous personnellement de cette finale retour du 13 novembre ? -Je ne vous cache pas que j'ai dit aux joueurs qu'ils doivent continuer à croire au miracle. Ce sera difficile, très difficile même d'inverser la donne mais il ne faut pas être défaitiste. On jouera pour gagner, reste à savoir sur quel score. • Que gardez-vous de ces journées que vous venez de qualifier de cauchemardesques ? -L'injustice dans le domaine du football africain. Je ne conteste pas la défaite mais plutôt les conditions dans lesquelles elle a été concédée. Et d'un. Les réactions de plusieurs parties qui se disent très proches de l'Espérance et qui n'ont pas laissé passer l'occasion de s'en prendre au staff technique et aux joueurs. Car il fallait vivre le séjour à Lubumbashi pour se permettre de critiquer aussi sévèrement. Je ne dirais pas plus. Et de deux. • N'est-il pas surprenant qu'aucune réaction n'a été enregistrée côté espérantiste auprès de la CAF ? -L'Espérance ne peut passer sous silence les injustices dont elle a été l'objet. Je m'apprête à réunir notre commission juridique à l'instant même (NDLR : vendredi à 16h15) pour préparer le dossier à adresser à la CAF. • A propos de la CAF, savez-vous qu'une quarantaine d'officiels s'apprêtent à débarquer à Tunis à l'occasion de la finale retour. Aux frais de l'Espérance nous dit-on ? -A ma connaissance, il existe une convention qui fixe le nombre d'officiels appelés à assister à la finale retour de samedi prochain. C'est ce nombre là qui sera pris en charge par l'Espérance avec un séjour dans un hôtel 5 étoiles. Les réservations ont été déjà faites. • Pour terminer, que doivent attendre les supporters de l'Espérance à la fin de son aventure en Ligue des champions. De Hamdi Meddeb et de son équipe dirigeante ? -Comme je viens de vous le dire, l'espoir reste permis tant qu'il y a un match retour à jouer. Maintenant, je tiens à rassurer nos supporters, Hamdi Meddeb n'abandonnera pas leur équipe quelle que soit l'issue du match de samedi prochain. Le groupe actuel est jeune, sa marge de progression est importante et les joueurs vont encore gagner en expérience et en maturité. J'en ai longuement discuté autour d'un repas avec si Faouzi et si Maher du court comme du moyen termes de l'Espérance. J'ai tenu à leur renouveler ma confiance et celle du comité directeur du club. Comme je me suis engagé à procéder à deux recrutements de grande qualité tout en gardant tous ceux qui portent actuellement les couleurs de l'Espérance. Sans oublier que les jeunes Ben Hamouda, Sassi, Mhirsi et d'autres encore frappent aux portes de l'équipe séniors. Interview réalisée par Rafik BEN ARFA