Traditionnellement confiné, en Tunisie et un peu partout dans le monde, aux secteurs de l'agriculture et du tourisme, le travail saisonnier ou saisonnalité commence à être étendu, aujourd'hui, à la distribution, notamment durant les soldes, aux musées, aux stations services, aux banques et à diverses autres activités, tout en restant, toutefois, moins payé, précaire et socialement peu protégé. D'autant qu'une bonne part du marché de ce type d'emploi est prise en charge par des sociétés de placement et de sous-traitances ayant une réputation qui n'est pas toujours bonne. Premier du genre en Tunisie et même en région méditerranéenne, un séminaire sur le travail saisonnier dans le tourisme tunisien a été tenu, hier, à Tunis, à l'initiative de la Fédération Tunisienne de l'Hôtellerie (FTH), avec le concours de la Fondation Européenne de la Formation (ETP, europeen training fondation) et l'implication étroite du ministère de la Formation Professionnelle et de l'Emploi et de celui du Tourisme. Les travaux ont été ouverts par le ministre de la Formation Professionnelle et de l'Emploi, M. Mohamed Agrébi, en présence de hauts responsables européens dont Mmes Françoise Millecom, chef de coopération de l'Union européenne et Eva Jemino, Directrice Adjointe des opérations de la Fondation ETF, outre les présidents des organisations professionnelles dans le domaine du tourisme, les directeurs des établissements administratifs en charge du tourisme, les représentants des syndicats des travailleurs et de nombreux professionnels tunisiens et européens. Comme l'ont fait remarquer, à ce sujet, MM. Mohamed Agrébi, Mohamed Belajouza, président de la FTH, la réussite de cette stratégie de développement du tourisme tunisien à l'horizon 2016, autant que les programmes de développement des divers autres secteurs d'activité, dépendent largement de la disponibilité de ressources humaines qualifiées, au moyen de la formation professionnelle et de l'enseignement. S'agissant en particulier du tourisme tunisien, le président de la FTH en a brossé un tableau peu reluisant à tous les points de vue, notamment en ce qui concerne la qualité des services, mauvaise et bradée. Or, le tourisme tunisien, restée fortement balnéaire, est saisonnier, s'anime en été, durant la haute saison, et a recours à des travailleurs saisonniers pour répondre à la forte demande, durant la haute saison. La FTH a donc sollicité la partie européenne en vue de la conseiller et de l'orienter, à la lumière de l'expérience européenne, sur les moyens à mettre en œuvre en vue de faire en sorte que le travail saisonnier favorise et préserve la qualité des services du tourisme tunisien et ne contribue pas à l'affecter davantage. Bonnes pratiques Le débat a montré que les conditions de précarité du travail saisonnier n'encouragent pas les saisonniers à s'investir dans leur travail, et à être, toujours, des éléments de promotion, fussent-ils hautement qualifiés, comme les diplômés du supérieur. Aussi, le séminaire vise à présenter les bonnes pratiques européennes, en la matière, sur la base de communications et de témoignages faits par des experts ainsi que par des professionnels, des représentants de groupes d'employeurs et d'établissements de formation professionnelle. A cet égard, un participant français, M. Georges Robert Gafner qui se présente, par ailleurs, comme tunisien et un grand ami de la Tunisie, nous a indiqué que le travail saisonnier peut servir les intérêts de l'employeur et du travailleur lorsqu'il est effectué dans des conditions sécurisantes pour les deux parties, et ce au moyen de contrat de longue durée, établi entre un même employeur et un même employé, c'est-à-dire que le travailleur saisonnier se met au service du même employeur qui l'engage, pour toutes les saisons. On doit aussi, a-t-il dit, assurer des opportunités de formation continue pour les travailleurs saisonniers afin de les aider à se professionnaliser et à renforcer leur employabilité, à travers l'acquisition de plusieurs spécialités, car il y a des travailleurs qui choisissent, délibérément, d'être saisonniers, outre les saisonniers d'opportunité.