Samedi dernier, les pas de la danseuse de flamenco Lucia Guarnido ont fait vibrer la scène du théâtre municipal. Entre intermèdes musicaux et tableaux de danse, c'est tout l'art andalou, dans ses atours les plus épurés, les plus simples et foncièrement modernes que le spectacle proposé par l'Instituto Cervantes a offert au public présent ; des moments de ressourcement pour le public majoritairement espagnol et, aux autres invités, une découverte singulièrement typique voire authentiquement artistique. Une scène obscure. Des spots géants qui focalisent sur des postures et contorsions de la danseuse à la grâce et à la gestuelle inimitables. Une entrée en la matière presque initiatique, comme un prélude à cette danse flamenco qui injecte dans ses mouvements corporels, force et énergie. La lenteur du premier tableau chorégraphique introduit par la danseuse sans accompagnement musical, aux pas basiques laissait entrevoir une plastique corporelle qui donne à la danseuse et à la danse de flamenco toute sa charge expressive. C'est dans la même atmosphère de pénombre, avec un infime jet de lumière que les musiciens et interprètes entrent en scène. Cet effacement voulu dans la construction du spectacle semble suggérer voire renforcer les aspects sur lesquels il convient de porter l'attention. Le langage corporel, l'expression du regard et les élans des bras qui battent l'air comme pour une parole muette qui n'a que le mouvement pour s'exprimer. Enfin, la guitare sèche brise en premier le silence, quelques accompagnements de percussion et se sont les voix fantastiques, dans des complaintes et vocalises très caractéristiques que l'ambiance et le cachet artistique sont authentifiés. La soirée s'est poursuivie sur une succession de danses ponctuées et alternées par les toilettes de la danseuse Lucia Guardino. Le tableau qui a sans conteste le plus fasciné est celui où celle-ci se pare de la robe à traîne et, must des détails, d'un éventail et fleur saillante ou pince aux cheveux. Chaque robe prodiguait un style propre, avec une gestuelle appropriée et des pas différents. Entre parades, tourbillons virevoltant sur la scène, pause majestueuse finale sur une chaise et cadences de pas frénétiques et coup vigoureux de talons, c'est toute la splendeur de la danse flamenco dans ses variations rythmiques qui s'est donnée à voir. La troupe bien que parfaitement complémentaire dans l'articulation du spectacle a presque failli voler la vedette à la sublime danseuse.