Un vent de tango et de flamenco a soufflé sur le théâtre de Hammamet. Le duo Buenos Aires et le groupe Tini Los Cabales ont bougé et chanté, donnant beaucoup d'eux mêmes. Des moments de pur bonheur avec un répertoire qui nous fait découvrir cette culture latino-américaine urbaine. Leur musique était intense, et inventive. Une soirée colorée et festive. Un véritable show. Un plaisir double pour les oreilles et pour les yeux. Le spectacle était une alternance entre musique et danse. A 10h30 Jérémy Vannereau (bandonéoniste) et Eric Franceries (guitariste), ont annoncé la couleur. Ce duo Buenos Aires, c'est beaucoup d'émotion en direct, de la passion, et du bonheur à transmettre au public à travers ce style de musique au carrefour de la tradition créole et des influences culturelles immigrantes. Appliqués à faire connaître la formidable richesse de ce style, les deux artistes plongent dans l'histoire du tango, les complaintes des quartiers pauvres argentins, donnant à cette musique ses plus belles lettres de noblesse ! Ce duo nous fait découvrir le tango argentin à travers les âges : la guarda vieja, l'arrière-garde ou les prémices du tango, qui venaient de la milonga, de la habanera, du candombe, de toutes ces danses sud-américaines. Puis l'âge d'or du tango où se sont mêlés la danse et le chant. Ensuite, il y a eu le tango nuevo, nouveau tango, celui qui a été porté par Astor Piazzolla sur les scènes internationales. Accompagnés par la chanteuse, Daisy Barcos, ces deux musiciens portent haut la parole des autres. Leur musique et leurs messages ne laissent personne indifférent. Daisy nous ébloui par ses chants et ses improvisations. Elle nous interprète de grands succès «Fievre» d'Astor Piazzolla, «Chiquilen» de Bachin, «Vuelvo Al Sur» de Piazzolla et «la ultima Curda» ; et nous fait revivre cette musique pleine de vigueur et de chaleur. Elle accompagne les deux danseurs Cécilia Pascual et Jorge Rodriguez qui exécutaient ce soir à la perfection des pas de tango qui font descendre les coeurs dans les jambes et monter la tête dans les nuages. Le tango, cette conversation ponctuée par le va-et-vient de la cadence avec des pauses et des jeux de pieds rythmés ne laisse pas le public indifférent. Au rythme du bandonéon, ce tango évoque les peines de coeur et ses déchirements. Rodriguez et Cécilia marchent ensemble vers une direction impromptue à chaque instant. Chaque pas, chaque mouvement est effectué avec mesure, sans lourdeur, sans raideur et avec aisance. Avec élégance, les deux danseurs essaient de temps en temps de varier les pas. C'est par l'harmonie des pas sans cesse renouvelée que l'on acquiert la souplesse, l'aisance, l'élégance, le style propre au danser de tango. Le couple de danseurs s'avance, s'enlace, glisse. Les corps se font et se défont pour se perdre dans la triste pénombre de cette autre façon de marcher qu'est le tango...Mais le tango, musique populaire de Buenos Aires, n'est pas que musique et danse, c'est aussi l'expression d'une écriture fascinante. Chaque chanson interprétée par Daisy Barcos est une histoire, un drame, une tragédie qui se raconte en musique. La deuxième moitié de la soirée fut un voyage sensoriel éblouissant de poésie qui nous a plongés dans l'atmosphère magique et envoûtante des rues de Séville et de la douceur des nuits andalouses. Ce spectacle de flamenco a chauffé l'ambiance pendant toute la soirée. L'Espagne avait conquis les auditeurs. Le trio chanteur Toni, Pepe et Jean Luis Fernandez nous transportait au fin fond de l'Andalousie, grâce au flamenco magique, aux bulerias, à la sevillanas et aux rumbas. On se laisse bercer par le pouvoir incantatoire du Flamenco et de la danse espagnole et surtout ces mélodies populaires, touchantes et sensibles… La danse, gracieuse et élégante de Camille Abergel dite Tin, illustre à merveille l'essence de ce spectacle. La formation Fernandez, donnait à ce répertoire une allure de récital où le chant étincelant fait briller les mélodies et la grâce de la danse accapare l'espace… Tini, la robe noire et à multiples volants, les regards noirs intenses, l'allure fière et les claquements de talon de la bailaora, traduisaient à merveille les joies et les peines de l'âme andalouse. Le chant, comme les mouvements de la danseuse, exprimaient l'intensité des sentiments, un vécu joyeux ou douloureux, des émotions toujours brûlantes. La percussion accompagne le chant et rythme les claquements de pied de la danseuse Tini et ceux des mains. Le flamenco d'aujourd'hui est un art complet où se mêlent avec intensité, rigueur et profondeur, musique, chant et danse. Par la magie du geste, des pas, de la musique au diapason d'un tempérament passionné, Tini a soufflé avec ses chanteurs un moment d'éternité sur la scène de Hammamet. Le public a vibré. Une débauche d'énergie incroyable. Le tango et le flamenco ont régalé tous ses fans venus nombreux apprécier ce style musical si beau et si profond.