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«Grand impact psychique»
Pierre Pennec, psychiatre et président de l'Association française de musicothérapie
Publié dans Le Temps le 05 - 12 - 2010

Le Temps : quelle est la place de la musique dans les soins des patients ?
Pierre Pennec : Nous sommes dans un monde de vibration et comme l'homme se trouve en continuité avec l'univers environnant qui vibre et qui produit des sons, il vaut mieux que ces sons soient en harmonie avec le sujet. N'importe quelle musique ne peut donner les effets recherchés. L'intérêt du thérapeute est d'arriver à définir la nature pathologique du sujet donc la dysharmonie, d'en déduire quel est son équilibre harmonieux et de le faire coller avec l'harmonieux musical qui lui semble être le plus convenable.
Est-ce que les voix des hommes et des femmes ont les mêmes effets sur les patients ?

Je pense que cela n'a aucune importance. L'effet est le même. Il s'agit donc de remettre en harmonie un déséquilibre ou une souffrance chez la personne par le biais des techniques de la musicothérapie. Les objectifs thérapeutiques sont à comprendre du côté du soutien, individuel et familial, afin de répondre aux multiples désorganisations psychiques provoquées par la maladie.

Quel est l'argument premier dans une relation de soin ?

L'argument premier dans une relation de soin c'est le je et le tu. On doit être en sympathie avec le patient. C'est à partir de ce moment là qu'on peut greffer sur cette relation et soigner le malade. La musicothérapie s'appuie sur les liens étroits entre les éléments constitutifs de la musique, et l'histoire du sujet. Elle utilise la médiation sonore ou musicale afin d'ouvrir ou restaurer la communication et l'expression au sein de cette relation Un bon praticien qui connaît un large répertoire peut ainsi proposer des musiques auxquelles la personne peut s'identifier.

La musique est-elle une thérapie pour toutes les maladies ?

L'impact de la musique est beaucoup plus affectif que physique bien que la musique fasse vibrer. La sphère affective c'est de l'ordre du psychisme. L'impact est plutôt psychique et agira positivement sur le patient.

La musique a-t-elle des effets aussi sur le bébé ?

C'est incontestable. L'enfant entend durant les premières semaines de sa conception le bruit extérieur et les sons qui passent à travers la paroie abdominale de la mère. Il va subir tout l'environnement sonore. C'est pourquoi les femmes enceintes aiment écouter de la musique.

La berceuse contribuera-t-elle au développement du jeune enfant ?

La berceuse est universelle. Il n'y a pas une mère au monde qui ne berce pas son enfant. Elle le fait spontanément et naturellement et s'accompagne souvent d'un mouvement. La femme bouge et se balance en même temps avec son enfant.
Des études scientifiques ont aussi montré que les berceuses ont des effets bénéfiques sur le développement global du prématuré. On noterait entre autres une amélioration de la stabilité des cycles éveil-sommeil, un gain de poids et une baisse de stress.

Quelles sont les limites de la musicothérapie ?

Je pense qu'il ne faut pas demander à la musicothérapie plus qu'elle ne peut. On ne peut pas prétendre soigner un grand malade par la musique !


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