TUNIS, 06 dec 2010 (TAP) - La musicothérapie au sens large consiste à utiliser la musique à des fins thérapeutiques. De nos jours, la musicothérapie s'opère en milieu hospitalier et dans le cadre d'institutions médico-sociales, notamment de soins psychologiques. Contactée par l'Agence (TAP) à l'occasion des XXèmes Journées scientifiques de musicothérapie et des premières Journées méditerranéennes de musicothérapie (Hammamet, 01-05 décembre 2010), Dr Josette Kupperschmitt, psychothérapeute et musicienne à Paris, a déclaré que pour traiter ses patients dans les hôpitaux psychiatriques, elle recourt à une technique de la musicothérapie, doublée d'une approche psychanalytique, qui consiste à leur apprendre à chanter et à jouer d'instruments tels que le piano ou la flûte à bec. L'objectif, souligne-elle, est de stimuler certaines facultés chez le patient, telles que la concentration, la mémorisation, et la motivation. Pour M. Francois-Xavier Vrait, directeur de l'institut de musicothérapie de Nantes et responsable de formation des musicothérapeutes à l'Université de Nantes (France), la musicothérapie est une forme de soin qui utilise le vécu musical comme moyen d'expression, de communication et d'analyse. Toutes les formes d'écoute et de recours à la voix et aux divers instruments musicaux sont utilisées dans une démarche qui accorde une place importante à la parole et à la verbalisation du ressenti et du vécu musical. Pour M.Vrait, l'approche traditionnelle et la thérapie de groupe accordent une place importante au corps, à la musique et au comportement de groupe. Les patients sont ainsi traités ensemble, pour qu'ils soient liés par cette musique qui donne une dimension importante au corps en tant qu'il compose, avec la pensée, l'unité psycho- somatique. Comparant les deux approches traditionnelle et contemporaine de l'utilisation de la musique à des fins thérapeutiques, M. Vrait constate que dans les sociétés actuelles, où il n'est plus possible de se contenter d'une efficacité symbolique d'un rituel traditionnel, une plus grande attention doit être accordée à la parole individuelle et à la prise de conscience des transformations psychiques de l'individu. Pour ce faire, le patient doit être traité individuellement, pour un meilleur suivi de l'évolution de sa souffrance psychique. Pour M. Zouheir Gouja, ethnomusicologue, musicien et assistant à l'Institut supérieur de musique de Tunis, les thérapies traditionnelles demeurent marginalisées par le corps médical qui ne reconnaît pas leur efficacité dès lors qu'elles ne se basent sur aucune formation scientifique. Ces thérapies dites traditionnelles, généralement initiées par des confréries religieuses, sont organisées dans leur propre cadre socioculturel, a-t-il précisé. Elles ne sont opérationnelles qu'à partir du moment où l'on s'inscrit en vrai dans leur système de croyance. Il a estimé que si les sciences psychiatriques dites modernes, dont la musicothérapie, ont beaucoup à apprendre des techniques ancestrales, elles doivent pour cela s'inscrire dans la logique interne de ces techniques pour pouvoir appréhender objectivement leur approche, généralement très complexe, et qui suppose la communion du physique avec le métaphysique, et du matériel avec l'immatériel.