Lotfi OUENNICHE - L'Iran et les Six reprennent le dialogue après 14 mois d'interruption. Il pourrait s'agir à première vue d'une décrispation des relations entre les deux parties. Mais les difficiles négociations sur le nucléaire iranien ont toujours par le passé douché les espoirs de relance et ont toujours abouti à l'impasse et à l'imposition de sanctions contre le régime de Téhéran. Ce nouveau round de pourparlers pourrait-il déroger à la règle et signer l'amorce d'une nouvelle étape menant à l'entente et au compromis ? Difficile à présager. Car chacune des deux parties est allée à Genève, convaincue dans ses prétentions et résolue à accentuer la pression. Les Six croient fermement que l'Iran n'a d'autre voie qu'à infléchir sa position et à se soumettre à la volonté des grandes puissances. Pour eux c'est l'impact du train des sanctions qui a contraint l'Iran à revenir à la table des négociations. Or Téhéran ne semble pas vouloir lâcher du lest et avant même la rencontre de Genève, il annonçait contrôler la totalité du cycle de production de combustible nucléaire. Une information qui n'est pas pour plaire aux représentants des « Six », et qui est de nature à envenimer l'atmosphère des négociations. D'ailleurs on fait état d'un climat tendu accentué par l'intervention du négociateur iranien Said Jalili et dans laquelle il dénonce les attentats ayant visé deux scientifiques iraniens spécialistes du nucléaire que Téhéran impute aux services de renseignements occidentaux et israéliens. Il n'est pas étonnant dès lors qu'on s'oriente vers un dialogue de sourds et inéluctablement à l'impasse. Seulement, le dialogue en est encore à ses débuts et des retournements de situation peuvent surgir à tout moment, car aucun des deux protagonistes n'a intérêt à un durcissement et à une rupture. Dans ce cadre, la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, en estimant que les grandes puissances pourraient reconnaître le droit iranien à l'enrichissement si Téhéran parvenait à les rassurer sur ses intentions, laisse la porte entrouverte au compromis. Téhéran, qui dément toute intention de se doter de l'arme atomique devrait saisir l'occasion pour approfondir le dialogue et faire valoir ses droits. Sinon ce serait le recours à un énième train de sanctions dont personne ne croit plus à leur efficacité, pas même Téhéran.