Le Temps-Agences - Tournant dans leur approche de la crise du nucléaire iranien, les Etats-Unis vont envoyer un émissaire ce week-end à Genève pour participer à des discussions avec l'Iran sur le programme nucléaire de la république islamique, a annoncé mardi soir un haut responsable de l'administration américaine. Pour la première fois, William Burns, sous-secrétaire d'Etat, se joindra à la rencontre prévue entre le porte-parole de la diplomatie européenne, Javier Solana, et le principal négociateur iranien en matière de nucléaire, Saeed Jalili. Des représentants de la Chine, de la Russie, de la France, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne - les autres puissances impliquées dans le dossier - seront également de la partie. Les Six discuteront de leur nouvelle offre exposée le mois dernier à l'Iran pour l'amener à renoncer à ses activités nucléaires sensibles et de la réponse iranienne. L'Occident soupçonne Téhéran de chercher à se doter de l'arme atomique; l'Iran soutient que son programme nucléaire a pour seul but de produire de l'électricité. L'administration américaine expliquait jusque là qu'elle ne s'impliquerait dans aucune "pré-négociation" tant que l'Iran n'aurait pas renoncé à l'enrichissement de l'uranium. La présence annoncée de Burns à Genève marque donc un virage à 180°. Le haut responsable américain a clairement spécifié cependant que Nicolas Burns ne se comporterait pas en négociateur, mais qu'il exposerait de nouveau cette position de la Maison blanche. "Nicolas Burns réaffirmera que nos termes pour une négociation restent inchangés", a-t-il dit. "Il s'agira d'une participation unique visant à démontrer l'unité (des Six) et le message sera très clair." La présence américaine, a-t-il ajouté, ne doit pas davantage être interprétée comme le signe avant-coureur d'un rétablissement des relations diplomatiques avec l'Iran, rompues après la révolution islamique de 1979. De source américaine autorisée, on indique par ailleurs que la décision d'envoyer Burns à Genève n'est pas étrangère au "débat" qui semble en cours dans les arcanes du pouvoir iranien sur l'offre des Six. L'administration Bush estime parallèlement que les trois trains de sanctions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies contre l'Iran, de même que les mesures de rétorsion bilatérales prises contre Téhéran par les Etats-Unis et des pays européens, commencent à produire leurs effets et que le moment est par conséquent venu d'essayer d'en tirer profit.