«La réalisation d'un développement industriel, agricole, commercial, social des Etats membres et la réunion des moyens nécessaires à cet effet, notamment en mettant sur pied des projets communs et en élaborant des programmes globaux et sectoriels », c'est là le texte de l'article 3 du traité instituant l'UMA – Union Maghrébine Arabe – Décidée en 1989. Cet objectif se fait aujourd'hui de plus en plus important et plus de 20 ans après l'institution de l'Union, les réalisations et acquis restent faibles par rapport au potentiel existant dans les différents pays du Maghreb. Les défis restent grands et le développement au Maghreb pourra tirer un plus grand avantage d'une plus profonde collaboration. Ainsi, un accord visant la création d'une zone maghrébine de libre échange en 2011 est en cours de préparation. La Banque Maghrébine de l'investissement et du commerce Extérieur est également un projet en cours de préparation. Son but est de financer les grands projets d'investissement, de promouvoir les échanges commerciaux intermaghrébins et de la favoriser la circulation des biens et capitaux entre les pays de la région. Les raisons économiques, culturelles et géopolitiques d'une coopération intermaghrébine ont alors été élaborées lors du colloque organisé hier par l'INNORPI – Institut National de la Normalisation et de la Propriété Industrielle – et sous l'égide du Ministère de l'Industrie et de la Technologie sous le thème « Sciences et technologie pour le développement au Maghreb ». Le potentiel de la région maghrébine Le marché maghrébin est de 85 millions de consommateurs. Il sera de 100 millions en 2015 représentant ainsi d'énormes opportunités. La région maghrébine contient 50 % des réserves mondiales de phosphates, 3%des réserves mondiales de pétrole et 4% des réserves en gaz. Sa situation géographique se situant entre l'Europe et l'Afrique, la Méditerranée et de l'Atlantique, le monde oriental et occidental, fait de la région un carrefour économique et géopolitique. Le Maghreb représente également un important associé de l'Union Européenne, et ce par ses échanges économiques et les accords d'association signé avec l'Union. Acquis et réalisations Madame Sonia Ayachi, Directrice chargée de l'industrie manufacturière au sein du ministère du Développement et de la Coopération Internationale avance qu'il existe encore plusieurs obstacles aux échanges intermaghrébins, telle la faiblesse des infrastructures de transport et de la logistique, et l'absence quasi-totale de lignes directes des transports terrestre ou maritime. Ces obstacles engendrent des surcoûts et limitent la compétitivité-prix des produits échangés. Il existe également un manque d'harmonie du cadre institutionnel et réglementaire et ainsi qu'un manque d'informations et de sensibilisation concernant les régimes préférentiels tarifaires existants. On note aussi un manque de solidarité sur les marchés internationaux. Mme. Ayachi continue de préciser que l'un des obstacles consiste dans la similitude existante dans les économies maghrébines, surtout la Tunisie et le Maroc, ce qui pourrait freiner l'échange intermaghrébin. La similitude des exportations tunisiennes et marocaines dans les marchés européens dépasse en effet 70%, selon l'indice Figer-Kreinien. La faible complémentarité structurelle des échanges maghrébins explique par ailleurs, en partie, le niveau et l'évolution observés des parts de marché. On souligne que contre 32.7% de taux d'échanges inter-zone de l'Union européennes, 11% de celui de l'ASEAN et 14.6 de PECO, le taux global d'échanges commerciaux intermaghrébin s'est limité en 2009 à 1.2% des échanges extérieurs de la zone. Les pays de la région maghrébine exportent environ 51 fois plus vers l'Union Européenne que vers le Maghreb et les échanges restent essentiellement unilatéraux. Nature des échanges intermaghrébins La part des produits énergétiques dans les échanges intra-maghrébins s'est accrue passant de 31,9% en 1990 à 43% en 2008. En contre partie, les secteurs d'activités - matériaux de construction, produits mécaniques-électriques, textile, biens agricoles – demeurent faibles, malgré la disposition et le potentiel marocain et tunisien. Le nombre d'entreprises algériennes implantées en Tunisie a rétréci de 38 entreprises en 2005 à 30 en 2010 et celui des entreprises marocaines est resté stable de 22 entreprises. Le nombre d'entreprises libyennes est passé de 46 entreprises en 2005 à 58 en 2010. De même que l'investissement algérien chez nous a diminué de 44.3 millions de dinars en 2005 à 39.3 millions de dinars en 2010, l'investissement marocain est toujours de 14.9 millions de dinars tout le long de la période 2005 – 2010. L'investissement libyen a en revanche connu une croissance de 198 millions de dinars en 2005 à 314.5 millions de dinars en 2010. Enjeux L'intégration contribue au renforcement de l'attractivité de la région pour les IDE vue son effet sur la stabilité régionale et l'élargissement de la taille du marché. Elle est susceptible de croître le PIB réel par habitant entre 2005 et 2015 de 24% du PIB tunisien de 27% du PIB marocain et de 34 % du PIB algérien (d'après la BM 2006). Il devient alors essentiel de parfaire l'assainissement macro-économique et d'élaborer un cadre juridique et des procédures favorables au développement des affaires. Il est également important de favoriser le développement des infrastructures de transport en l'orientant vers l'intégration maghrébine.