Par Bourguiba Ben Rejeb - On peut penser tout le mal des preneurs d'otages, ce commerce se porte à merveille. Les bandits de haute mer gagnent plutôt bien leur croûte et les armées les plus puissantes n'arrivent pas à réduire la casse ni à ramener les tarifs à des niveaux de solvabilité acceptables. Même quand on ne le dit pas, ces Etats payent le plus souvent, probablement sous la pression des opinions publiques soucieuses de la vie de ressortissants mis en danger. Ceci étant, il arrive que des preneurs d'otages soient épinglés. Dans ce cas, la facilité juridique a été de les traduire devant des tribunaux kényans, allez comprendre pourquoi. Mais comme les auteurs des forfaits se font plus nombreux, ce pays africain a exprimé le souhait de refiler le bébé à d'autres. Le poids des procédures est lourd à porter, et puis on ne sait jamais ce qui peut arriver avec ces bandits à la gâchette facile. L'argent qui circule sert aussi à armer des milices de toutes sortes prêtes à en découdre, par exemple à Mogadiscio, capitale somalienne où le gouvernement fait semblant de gouverner à portée de canon de milices bien équipées avec l'argent de la flibuste. Maintenant, il va falloir ramener à la raison d'autres preneurs d'otages. En côte d'Ivoire, le nommé Gbagbo prend tout le pays en otage. Les Nations Unies et les nations désunies lui disent bien haut et fort qu'il prend des risques à vouloir garder le palais du Calife quand les temps sont au langage des urnes, il n'en démord pas. Ceux qui ne sont pas d'accord sur ses manières à lui de jouer au pirate sont massacrés quand ils sont Ivoiriens. Ils sont boutés hors des frontières quand ils sont étrangers. Les forces des Nations Unies sont donc sommées de le laisser torturer les otages en toute quiétude. Ouattara, le gagnant pris en otage dans un hôtel de la capitale ne perd rien pour attendre. Les pirates de tous genres ont ceci de particulier qu'ils prennent tout le monde de court. Le fait accompli remplace tous les arguments de moralité et de légalité. Il suffit par la suite de réussir l'habillage par les discours qui enflamment les foules et canalisent les rancœurs. Du Caucase aux Balkans, de l'Orient proche ou lointain à l'Afrique profonde, la recette est bien rodée. Le seul ennui est que la politique des nations avance par les soubresauts, parfois sanguinaires, suivis de trous de mémoire opportunément propices aux affaires. Il fut un temps où la piraterie et la prise d'otages tenaient de la politique des empires. Il n'y a pas si longtemps aussi, les colonisations tenaient de l'acte moral de la civilisation usurpatrice des biens et des doits. Maintenant, on est supposé tout oublier et recommencer. Gbagbo fait le désespoir des démocrates, mais demain, il ne doit pas être mis tout seul sur le banc de l'infamie.