Par Bourguiba BEN REJEB - Avec le temps qu'il fait, les météorologues ont dû perdre la boussole : Au moment où le froid empêche de jeter les chiens, même galeux, dehors, des continents entiers vivent dans la canicule et se demandent comment rationner l'eau qui commence sérieusement à manquer. Le commun des citoyens du monde transi rêve d'être du côté du soleil, quand d'autres citoyens d'un autre monde voudraient bien voir quelques gouttes de pluie. Dans tous les cas, mais ça ne console personne, les produits de la terre se font rares quand tout un chacun prie pour qu'il y en ait plus. Il y aurait, nous dit-on, dérèglement du climat à cause de multiples facteurs auxquels on ne comprend pas vraiment grand-chose. Des scientifiques disent pouvoir nous expliquer et on doit les croire. En gros, les mauvais temps résultent de la mauvaise conduite des humains, les coups de chaleur comme le froid polaire qui sévit et peut tuer. Il faut dire qu'à part les déclarations de principe, la climatologie politique internationale ne nous donne pas de répit, elle aussi. En Côte d'Ivoire, le temps est même à l'orage en raison de baromètres dits démocratiques en pleine errance. Un ancien président et un ancien Premier ministre se sont affrontés dans des élections qui devaient amener l'éclaircie dans un pays meurtri par les rivalités ethniques transformées en autant de motifs de massacres. Les résultats des élections devaient montrer la voie de l'alternance entre les hommes du sud et ceux du nord. Mais voilà : chacun des candidats se proclame vainqueur dans son coin, signal de départ au cyclone de la zizanie meurtrière. Les ambitions personnelles exacerbées rendent aveugles les capitaines, surtout quand l'un d'eux se comporte comme un pirate dopé au café bien fort. Pourtant, pas bien loin, à Conakry, les mêmes causes ont produit l'effet inverse. Le clivage des ethnies entre Peuls et Malinké laissait prévoir des lendemains d'élections difficiles. Au final, ce fut la surprise du chef, Diallo pour les Guinéens. Le décompte des voix donnait une courte victoire au Malinké Condé, mais la raison a prévalu. Le pays pourra donc vaquer avec plus de sérénité aux enjeux du développement dans un pays qui possède le tiers de réserves mondiales d'aluminium. L'épisode guinéen est pratiquement passé inaperçu, peut-être parce que la sagesse ne fait plus recette. Gbagbo préfère gouverner son pays derrière des soldats le doigt sur la gâchette. A ceux de la communauté internationale qui lui conseillent de renoncer à ses rêves de pouvoir, il rétorque que beaucoup de ces empêcheurs de tourner en rond reviendront bientôt le supplier de conclure des marchés. Et il a raison, dans la pratique. Les morts sur les champs de l'intempérance ne comptent même plus pour des martyrs.