L'Agence Mondiale Antidopage vient de réunir son Comité Exécutif au Canada pour tenter de trouver de nouvelles réponses au dopage dans le sport. Entreprise louable dans un monde où la compétition et l'appétit de l'argent contrecarrent tous les efforts pour enrayer le fléau et ramener le sport à des valeurs qu'on tenait pour immuables et salvatrices. Les propos moralisateurs n'ont pas suffi, les équipées médicales aussi. N'importe comment, le commun retrouve régulièrement les coupables d'hier sur le devant de la scène aujourd'hui. Et comme les primes au succès sportif ne cessent d'augmenter, il n'y a pas vraiment de raison de voir les joints disparaître des circuits et des arènes. Le dopage a ceci de particulier de gonfler les bénéfices et de créer les stars dont le bon peuple raffole pour meubler son quotidien plutôt morose par temps de crises à répétition. Le bon peuple aurait besoin d'arènes et de gladiateurs. Leur mise à mort fait partie du spectacle. Et même quand on déplore épisodiquement la mort de quelques champions refroidis à même le « green », l'émotion l'emporte sur les vraies causes. Parmi ces causes, il y a, semble-t-il, les effets dévastateurs des anabolisants inoculés pour toujours plus haut, plus rapide, plus performant. Beaucoup d'initiés savent de quelle folie il s'agit, et n'ont donc pas spécialement peur des décisions prises en conclave au Canada. Il en est ainsi de toutes les formes de dopage que la compétition forcenée justifie économiquement, puisque le moral ne fait plus réagir grand monde. Pourquoi veut-on qu'un « trader » rempli aux as par le dopage des actions en bourse se mette à carburer à l'énergie morale ou moralisante. Il faut toujours plus et plus vite, et on ne parie que sur les chevaux qui font du chiffre. Alors, on continue, dans le sens du gagnant-gagnant, toujours et n'importe comment. Le Comité Exécutif Mondial de l'Antidopage Bancaire a bien pris des mesures « courageusement inefficaces », les gagnants continuent de gagner et les perdants, à payer. Comme pour le cyclisme, les contrôles deviennent rapidement inefficaces parce qu'obsolètes. Entretemps, les Etats ont renfloué les caisses, les petits pays ont été saignés à blanc et les cols blancs des bourses reprennent du service pour les arnaques qui rapportent toujours gros, avec le concours intéressé du dopage et des « dopeurs ». Ces derniers jours, Le Roi Abdallah d'Arabie Saoudite a diligenté une enquête au bout de laquelle il exige des têtes. Les raisons de la colère : Les dernières inondations dans le Royaume ont fait énormément de victimes. Sa conclusion est évidente : Il y a eu arnaque quelque part dans la conception et la réalisation de gros marchés de travaux publics. Pour l'argent dépensé à ce titre, les résultats n'ont donc pas suivi. Le Roi constate surtout qu'il va falloir continuer à payer pour les « dopés » de l'argent qui coule à flots. L'argent, toujours plus conséquent, est un anabolisant encore plus pernicieux que la mort-aux-rats que s'administrent les sportifs en mal de recettes. Les pirates qui sévissent du côté de La Somalie en administrent chaque jour la preuve. Dans le provisoire actuel, ils détiennent 25 navires et 400 otages, soit de quoi doper le marché des rançons, au nez et à la barbe des armadas parties à leurs trousses. Les sportifs de la flibuste ne sont pas inscrits aux Jeux olympiques, mais ils se comportent comme des stars à qui on doit, on devrait, les meilleurs honoraires. Au fait, et à titre local, le prochain mondial de foot va probablement doper le piratage télévisuel. De quel côté est la morale ?