A la fin de chaque année scolaire, on assiste à un phénomène bizarre : les élèves, débarrassés enfin des études, se livrent à un défoulement collectif, devenu presque une manie chez eux, surtout ceux des collèges : des livres et des cahiers déchirés et jetés dans la cour, dans les salles de classes, devant et aux alentours des établissements faisant fi de tous les principes élémentaires en matière de protection de l'environnement.
Nous vivons chaque fin d'année scolaire ce spectacle désolant et décevant au moment même où notre pays se prépare à célébrer avec le monde entier la journée mondiale de l'environnement (le 5 juin). Cette pratique n'est que l'aboutissement d'une suite d'actes nocifs commis tout le long de l'année contre les règles de la propreté et de l'hygiène dans le milieu scolaire : que d'inscriptions monstrueuses, que de graffiti abominables souvent agrémentés de dessins insolents et malsains remarqués quotidiennement sur les murs des salles de classes, aux toilettes, dans les vestiaires et surtout sur le tableau et les pupitres ! Inutile de parler des déchets qui jonchent le sol des salles de cours et des morceaux de papiers collés au plafond. Ce qui marque la fin des cours, c'est aussi ce fameux « jeu d'omelette » auquel s'adonnent nos élèves à cœur joie lors de la semaine bloquée de fin d'année et qui consiste à bombarder les camarades avec des œufs bien frais achetés chez l'épicier du coin, touchant plusieurs élèves parmi la foule qui attend l'ouverture de la porte du collège ; il faut imaginer l'état piteux des élèves victimes de ce mauvais jeu qui entrent en salle d'examen avec les cheveux encrassés et les vêtements éclaboussés de jaune d'œuf ! Et quelles odeurs nauséabondes émanant des centaines d'œufs qui, ayant manqué leur cible, restent collés au sol ou sur le mur ! Le lancement de pétards à l'aveuglette fait partie de cette manifestation causant ainsi un grand affolement dans la foule d'élèves et parfois des cas d'évanouissement parmi les filles. D'autres actes ignominieux perpétrés contre l'environnement scolaire ont lieu surtout lors des tout derniers cours où certains élèves se plaisent à desserrer en classe des boules puantes ou une sorte de feuilles d'arbres connues pour leur odeur asphyxiante qu'elles dégagent pour peu qu'on les frotte au sol; ce qui rend l'atmosphère suffocante obligeant souvent le professeur de changer de salle. De même, arracher au passage une fleur ou une branche d'arbre, fouler aux pieds une petite pelouse verte du jardin de l'école ou encore laisser un robinet ouvert après usage sont là des gestes ordinaires chez beaucoup d'élèves et qui deviennent plus flagrants en ces derniers jours de l'année scolaire.
Les spectacles devant les écoles Quiconque passerait ces jours-ci devant ces écoles ne saurait cacher son indignation devant un tel spectacle et il jetterait certainement le discrédit sur tout le système éducatif qui aurait fait des élèves agissant de la sorte ; et il aurait peut-être raison car de tels actes ne sont pas dignes d'un milieu scolaire qui, en principe, doit donner l'exemple quant à la propreté et l'hygiène. Ces pratiques nuisibles révèlent sans doute l'état d'esprit de nos élèves vis-à-vis des principes du respect de l'environnement et ceux de la protection des ressources naturelles. Ni les sanctions disciplinaires contre les élèves responsables de tels actes, ni la bonne volonté des enseignants qui ne cessent de rappeler à ces jeunes les notions de propreté et de respect du milieu scolaire, ni les efforts de l'administration qui tâche, tant bien que mal, de réparer les dégâts et repeindre les murs souillés et des pupitres tachés d'encre et de gouache, rien n'a pu vraiment mettre fin à ces pratiques polluantes du milieu scolaire. Les associations et les clubs scolaires pour la protection de l'environnement semblent être encore loin des objectifs escomptés et auront certainement beaucoup à faire en matière de sensibilisation des jeunes au respect de l'environnement. C'est que ces agissements incorrects qui portent atteinte au milieu scolaire peuvent s'étendre à d'autres lieux publics : jardins, trottoirs, salles d'attente, moyens de transport... Ce comportement irresponsable est dû essentiellement à un manque de civisme, d'engagement et de maturité, notions fondamentales qu'il faut apprendre avant même d'arriver à l'école, c'est-à-dire dans la famille. En effet, l'éducation des enfants à la propreté et au respect des règles d'hygiène, dés leurs bas âges, est la base de l'instauration de cet esprit de la protection du milieu où l'on vit. Il est important de leur faire comprendre que de cela dépend la protection de leur santé et de leur vie future. Cette tâche doit être l'un des soucis majeurs des parents, qui doivent donner à chaque fois l'exemple à leur progéniture. En effet, quand on apprend à son enfant que rien ne doit être jeté dans la rue, que les déchets doivent être mis dans les endroits qui leur sont destinés et qu'il faut ramasser les ordures qu'il peut trouver dans son passage, l'enfant arrive à l'école déjà initié aux principes d'un environnement propre et sain et doté d'une certaine mentalité favorable à toute action susceptible de protéger son milieu scolaire contre toute sorte de pollution et, ainsi, ce comportement fera de lui un citoyen responsable et engagé dans la sauvegarde d'un environnement équilibré, seul garant d'une vie décente des générations futures.
Environnement et développement durable Il va sans dire que l'éducation et la prévention en matière d'environnement doivent démarrer à la maison. Si un enfant est sensible aux questions environnementales, ce n'est pas parce que l'école et les enseignants lui ont parlé de ces problèmes mais parce qu'il a vu au quotidien ses parents jeter les papiers à la poubelle, trier les ordures, économiser de l'eau et de l'électricité, prendre soin des plantes. Ainsi, l'enfant se sent investi de ce devoir de respecter et de préserver le milieu où il vit. Une sensibilisation à l'importance de l'environnement dans la famille est l'un des aspects fondamentaux dans la vie de l'individu. Cet enseignement qui commence et s'enracine progressivement au sein de la famille doit se consolider à l'école qui est appelée, à son tour, à jouer un rôle important dans ce domaine, car un comportement responsable ne peut se construire que par l'acquisition de connaissances scientifiques, géographiques et historiques utiles et fructueuses qui supposent une contribution positive de tous les enseignants à travers un programme relatif à la protection de l'environnement qui prenne en considération l'âge de l'enfant et qui soit réparti sur toutes les étapes scolaires (primaire, collège et lycée). L'on parle beaucoup ces dernières années, ici comme ailleurs, d'environnement et de développement durable, deux concepts cruciaux que nos élèves n'ont pas encore bien assimilés et qu'ils doivent comprendre et contribuer efficacement à les mettre en œuvre, car il y va de l'avenir de notre pays et de toute la planète.