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Le rossignol andalou
Entretien avec Sonia M'barek
Publié dans Le Temps le 12 - 01 - 2011

Propos recueillis par Sayda BEN ZINEB - Révélée au grand public à l'âge de douze ans avec la chanson pour enfants « Ahkili aliha ya baba » (duo avec le chanteur et compositeur Adnène Chaouachi en 1981), Sonia M'barek poursuit sa carrière dans la chanson, sollicitée par les meilleurs compositeurs tunisiens. Elle choisit de se frayer un chemin dans la diversité des styles musicaux de la chanson arabe et tunisienne, tout en se forgeant un profil artistique de cantatrice. Soucieuse de la qualité musicale et adepte de l'ouverture et de l'échange, elle a mené un parcours assez original, loin des sentiers battus.
Tout en menant de front sa carrière musicale, elle est professeur assistante à l'Institut supérieur de musicologie de Tunis où elle enseigne les droits de l'homme et les droits d'auteur, ainsi que les techniques de chant et les modes et rythmes orientaux et tunisiens. Nous l'avons rencontré pour parler de la chanson tunisienne, des Journées Musicales de Carthage, de ses réalisations et projets en cours. Entretien.
Le Temps : on a l'impression que la chanson tunisienne se cherche encore. Du festival de la chanson, on est passé au festival de la musique tunisienne, puis aux Journées musicales de Carthage. Selon vous, la chanson tunisienne a- t- elle finalement trouvé le cadre adéquat?
Sonia M'barek : il faudrait chercher à comprendre tout d'abord, ce qu'est la chanson tunisienne aujourd'hui. Je pense qu'on ne peut plus la définir dans les mêmes termes, avec celle des années soixante-dix, quatre-vingt ou quatre-vingt dix, parce qu'il y a des éléments extérieurs à la chanson . Il y a eu à un moment donné, une sorte de standardisation d'un style particulier. On parlait auparavant de musiques savante et populaire. Aujourd'hui, il y a une prédominance de la chanson de variété dans la production musicale produite et diffusée. Quelque soit son type, (populaire ou citadine), la chanson est donc vouée, dans la majorité des cas, à un but commercial ; combien va t- elle rapporter à son auteur ?
Si le produit devient purement commercial, on ne peut plus parler d'un bien culturel, bien que certaines expériences montrent que le commercial et le culturel peuvent coexister.
Aussi, il y a un deuxième problème ; une sorte de perte de repères musicaux dans la chanson qui se compose, se chante et s'écrit. Il existe une sorte d'égyptianisation, qui existe d'ailleurs depuis longtemps en Tunisie et elle n'est pas, à mon sens, péjorative. Aussi, des poètes écrivent ou "clonent" mal des textes de grands poètes arabes. Pareil au niveau de la composition, quand le compositeur n'arrive pas à faire une bonne synthèse de toutes les musiques dans leur diversité comme le jazz, la musique turque, africaine ou latine.
Et quand bien même veut-on synthétiser ces styles, on aura besoin, mis à part le don, d'une bonne formation académique, qui englobe toute cette diversité pour qu'on puisse garder notre identité musicale.
Par ailleurs, je pense que l'identité musicale tunisienne n'est pas inscrite uniquement dans l'authenticité andalouse, elle a besoin aussi d'interférences comme celles qu'on écoute aujourd'hui. On est appelé à créer des styles qui nous ressemblent, qui nous représentent comme ces chansons qui ont été interprétées par Ouleya ou Nâama, au début des années quatre- vingt : « Labbestek min atfi holla », « Bil hawa kalbi taâllak » ou alors, « Ya zahr elleymoun » que Khemaïs Tarnane a composée dans le mode « Rast », un mode cher à Ali Riahi et Hédi Jouini, et où l'on décelait les spécificités de la chanson tunisienne.
Comment évaluez-vous la première édition des Journées Musicales de Carthage ?
Les festivals qui ont été créés ces dernières années, celui de la chanson en 1986, celui de la musique tunisienne en 2005 (dont j'ai assuré la direction durant quatre années), puis les JMC en 2010, sont, à mon avis, à la recherche d'un même objectif : recouvrer une identité musicale tunisienne et aussi, amener les compositeurs, chanteurs et paroliers, à faire des expériences novatrices, pour tenter de trouver une ou des chansons qui font entrer la musique tunisienne dans la modernité.
Mais ce qui fait obstacle, c'est ce dénigrement de certaines expériences tunisiennes novatrices au niveau médiatique. On a l'impression que l'effort déployé par le musicien n'est pas pris en considération par les médias. D'autant plus que nous avons en Tunisie des problèmes de production et de diffusion: il n'existe pas de circuit de diffusion, hormis celui des festivals organisés par le ministère de la culture. L'Etat se trouve seul garant d'un domaine qui doit concerner aussi bien les Institutions publiques que.
A mon sens, il y a eu une continuité entre les festivals de la chanson de 1985 et celui de la musique en 2005 avec l'introduction cependant d'une compétition spéciale pour les pièces instrumentales et d'une autre pour les groupes musicaux. Nous y avons également tenté de programmer des soirées maghrébines et l'une des meilleures, c'était avec Idir, Mâalouma Bent Al Midah, Hassen Lâaribi, Abdelwahab Doukali et Nabiha Karaouli.
Quel est l'apport des JMC par rapport aux précédentes manifestations et comment appréciez-vous votre propre participation?
En mêlant la musique tunisienne aux expériences arabes, méditerranéennes et turques, les Journées Musicales de Carthage ont projeté l'artiste tunisien de plain pied dans cette diversité.
Cette édition initiatrice des JMC a permis à chacun, pendant une semaine, de présenter chacun son expérience musicale. Mais, pour évaluer ces Journées, il faut laisser passer trois ou quatre éditions au moins pour mesurer leur impact sur la création musicale tunisienne.
En ce qui concerne ma participation, j'ai été invitée à présenter le concert soufi, « Wajd2 », avec toute l'atmosphère des chants liturgiques. C'était un plaisir de voir aussi un public à l'écoute. Encore une fois, j'ai constaté que mes concerts sont suivis avec intérêt et respect et cela me donne beaucoup de foi dans ce que je fais et m'encourage à poursuivre cette prospection musicale discontinue. Par ailleurs, j'ai fait partie des membres du jury de cette manifestation biennale.
Rappelons que le Tanit d'or de cette première session a échu à Mohamed Dahleb, (paroles de Mouldi Hsine et composition de Tahar Guizani). Nous l'avons choisi à l'unanimité parce qu'en fait, sa chanson, « Attaswira », se distinguait par son équilibre au niveau des paroles, de la composition et de l'interprétation.
Je dirais même qu'il y avait de belles voix ; moi en tant qu'interprète, je me suis senti frustrée de ne pas pouvoir décerner un prix d'interprétation vocale à des voix féminines ou masculines tunisiennes et maghrébines en général. Par contre, là où le bât blesse, c'est du côté des paroles. Certains pensent que l'audace justifie à elle seule l'utilisation d'un vocabulaire qui manque de poésie et d'esthétique. C'est dommage et j'espère qu'à l'avenir, le comité de sélection sera plus sélectif quant aux poèmes choisis.
Les proches de feu Mohamed Boudhina, vous ont rendu hommage samedi dernier à Hammamet, à l'occasion du 8ème anniversaire de la mort du grand poète et parolier tunisien qui a marqué bien des générations d'artistes dont vous-même. Que représente Mohamed Boudhina ?
Il représente beaucoup pour moi en tant que poète romantique ; Il m'a donné l'une de mes plus belles chansons « Ya Zahr Elleymoun », composée par Mohamed Triki et qui est classée parmi les merveilles. Je l'ai chantée dans les quatre coins du monde et elle a toutes les caractéristiques de l'authenticité tunisienne. Il y a eu aussi « Tayr al Miniar », composée par Rachid Yedees et un album de sept chansons « Roumansiat » qui sont puisées des derniers poèmes écrits en 2005 par Mohamed Boudhina et qui ont été composées en intégralité par Hamadi Ben Othmane.
Mohamed Boudhina, c'était aussi un poète qui a défendu le dialecte tunisien. Il est l'auteur d'ouvrages importants en tant que repères musicaux, car il y a réuni les meilleures chansons du 20ème siècle, toutes générations confondues, depuis les années soixante–dix, jusqu'aux années quatre- vingt-dix.
Il aimait encourager les jeunes talents et croyait beaucoup en moi. J'étais par ailleurs, très fière de célébrer le 8ème anniversaire de sa mort avec sa famille et ses amis et en présence d'éminentes personnalités tunisiennes et étrangères. Je pense qu'il sera toujours vivant à travers ses œuvres dans l'histoire de la poésie et de la musique tunisiennes.
Que diriez-vous de vos projets à venir ?
En 2010 déjà, j'ai présenté deux projets dont je suis fière ; le premier est dans la continuité de ce que j'ai présenté dans « Voyage en Méditerranée ». C'est un hommage à Federico Garcia Lorca et à sa Grenade, avec le concours de l'ambassade d'Espagne à Tunis. C'est un dialogue avec Lorca à travers la langue et la musique arabes. Je compte présenter ce projet en 2011 en Espagne, en France et en Belgique, à partir du mois de mars prochain. Rappelons qu'il est le fruit de collaboration entre Tahar Guizani, Rachid Yedees et moi- même, avec l'apport précieux de Fraj Chouchène et Abdelaziz Kacem au niveau de la traduction et de l'adaptation des poèmes.
Quant à mon second projet « Wajd2 », je voudrais le présenter dans le monde arabe mais rien encore d'officiel.
L'année 2011 ne manquera pas non plus de projets ; il y aura la comédie musicale intitulée « Aroua » dont j'interprète le personnage central. Une création qui demandera beaucoup de travail et un budget important et où sont impliqués, Jemila Mejri, Khaled Ouerghlani, Mouldi Hsine et Tahar Guizani ; ce sera une sorte d'opérette à la tunisienne. Il faut dire qu'on est encore au stade de projet, de même, pour « Ibtihalat », un programme de chants liturgiques avec Mohieddine Khraief.


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