Il est vrai que les travaux du colloque intitulé « Autobiographie et Histoire d'Ibn Khaldoun à nos jours » ont mis quatre années pour être publiés ; toujours est-il que comme dit le dicton : « Vaut mieux tard que jamais ». Ce colloque fut organisé les 23-24 et 25 novembre 2006 sur une initiative de l'unité de recherche « Femmes et Méditerranée » (Université de Tunis) et à l'occasion de la célébration du sixième centenaire de la mort d'Ibn Khaldoun. Il se proposait de réfléchir sur les rapports complexes entre l'écriture du moi et la représentation de l'Histoire, mais également de montrer que l'autobiographie n'est pas un genre exclusivement occidental. L'ouvrage que vient de publier le Centre d'Etudes et de Recherches Economiques et Sociales (CERES) consacre toute sa première partie à l'œuvre autobiographique de l'historien Ibn Khaldoun et propose conjointement un survol de l'abondante littérature du moi, contemporaine de cet illustre penseur ou antérieure à lui dans l'Orient musulman et arabe du moyen-âge. Les trois communications développées dans cette section initiale sont dues à Mounira Chapoutot « Biographie et autobiographie au temps d'Ibn Khaldoun », à M'hamed Dahi « L'Historique et l'autobiographique dans l'expérience d'Ibn Khaldoun » et à Jélila Tritar « Ibn Khaldoun dans la Ta'arif et Le Voyage en Occident et en Orient ». La deuxième partie du livre, intitulée "Le Moi et l'écriture de l'Histoire" porte sur d'illustres auteurs occidentaux dont Jean-Jacques Rousseau (articles de Arbi Dhifaoui sur Les Confessions et de Mondher Ahour sur Les Rêveries du promeneur solitaire), Chateaubriand (communication de Jean-Claude Bonnet), Stendhal (réflexion de Brigitte Diaz sur La Vie d'Henri Brulard), Marguerite Duras (exposé de Najet Tnani sur l'autobiographie et le spectaculaire dans L'Amant et L'Amant de Chine) et Patrick Modiano (intervention d'Emna Beltaief sur Livret de famille). Deux autres articles y sont consacrés respectivement à des souvenirs de voyage du peintre Delacroix (réflexion de Faiza Ben Zina) et à la représentation de la Révolution de 1830 dans les écrits autobiographiques français (communication de José-Luis Diaz). Dans la dernière partie de l'ouvrage, les chercheurs Hédia Khadhar, Philippe Lejeune, Françoise Simonet, Sabine Skander et Fatma Haddad développent leurs exposés respectifs autour du thème « Le Moi face à l'Histoire » en étudiant successivement des témoignages d'Adrien Pasquier, des textes autobiographiques extraits des archives de l'Association pour l'Autobiographie (APA), les récits de Richard Millet et Wajdi Mouawad sur l'Histoire du Liban et les œuvres autobiographique de la romancière algérienne Assia Djabar. Badreddine BEN HENDA *Autobiographie et Histoire d'Ibn Khaldoun à nos jours, actes du colloque international tenu à Carthage en novembre 2006, textes réunis et présentés par Hédia Khadhar et Emna Beltaief, Cahiers du CERES, Tunis 2010.