Nous avons reçu du Dr. Ridha Ben Jejida, le commentaire suivant concernant notre article intitulé « Comment faire fortune ? », publié dernièrement dans la rubrique « Comportements » de notre page société. «L'article de M.Faouzi Ksibi ne laisse personne indifférent, quand il évoque la relation médecin-malade, relation conditionnée malheureusement par le contrat « comment faire fortune ? ». Dénoncer l'abus, les erreurs intentionnelles est un acte de courage. Nous déplorons,tous, les écarts de conduite et le Conseil de l'Ordre des médecins ne cesse de rappeler et d'inciter tous les médecins à respecter les règles de la déontologie médicale. 11 est regrettable de parler des avatars de l'exercice de la médecine, alors qu'il s'agit d'un out, d'un sacerdoce et non d'un métier étant essentiellement lucratif. Il est regrettable que les considérations matérielles pren-, nent le dessus sur toute suggestion morale. Dernièrement j'étais choqué par un étudiant en cinquiè- ' me année de médecine, dont le souci majeur était la renta-bilité de la profession médicale. Que répondre à un jeune dont le rêve se résume à des questions bassement matérielles occultant tous les aspects moraux de la médecine. Fin des années 60 et début des années 70, les cours magistraux étaient dispensés par d'éminents professeurs français et tunisiens. Les confrères de ma promotion se rappellent sûrement les perles de cette belle époque, époque dominée par les événements de Mai 68 en France, et par les prises de positions de Jean-Paul Sartre. A cette époque, le doyen Maître Mongi Ben Hmida, se déplaçait en deux chevaux qui ahane pour grimper la côte qui mène à la faculté. A cette époque, le professeur M'hammed Boussen, chef de service d'hématologie, débarque à l'hôpital Aziza Othmana, à vélo. A cette époque, le professeur Zouheïr Essafi, éminent chirurgien, disait : « pour être un bon médecin en privé, il faut être un mauvais médecin », phrase dont le sens nous avait échappé et qui explique actuellement tant de dérapages. A cette époque, le professeur Hichem Saïd, éminent chirurgien pédiatrique, disait : « pour faire médecine il faut avoir des parents riches ». C'était pour nous étudiants, issus de la classe moyenne, une vexation. Peut être pour ancrer les valeurs morales de la médecine. C'est cette école qui a formé toute une génération de médecins, où la relation malade-médecin se résume à une relation de confiance à conscience. Maintenant, il est regrettable de le constater, la médecine est perçue comme un métier à but lucratif malgré les appels incessants du Conseil national de l'Ordre des médecins, qui, à travers son bulletin d'informations, ne cesse de rappeler les règles de la déontologie médicale et de dénoncer les abus en publiant les cas traduits devant le conseil de discipline,tout en précisant le motif et la décision du Conseil. Il est regrettable de constater que selon la croyance populaire, la médecine est synonyme de richesse. Cela se traduit • par une relation particulière et fausse entre le médecin et la société : la notoriété du médecin est acquise par les signes ' extérieurs de richesse qu'il affiche. Un bon médecin, qui j adopte ses prescriptions et ses investigations à l'objectif de soins de qualité, est malheureusement considéré comme « mauvais », car il ne rapporte pas gros. Pour revenir à l'article de M. Ksibi, je lui reproche, avec toute la gentillesse requise, l'usage du terme « escroquerie ». La responsabilité médicale est l'obligation morale ou juridique pour un médecin de répondre de ses actes et d'en supporter les conséquences. Déontologiquement, l'appréciation de la faute, et.de la sanction qui s'ensuit, entre dans le cadre des prérogatives dévolues au Conseil national de l'Ordre des médecins ». Dr. Ridha Ben Jédidia
• N.D.L.R : Nous tenons à vous remercier pour l'intérêt que vous manifestez à notre journal et à vous féliciter pour votre commentaire qui nous a rappelé la belle époque vécue par les éminents médecins que vous avez notamment cités. Il y a, bien entendu, d'autres médecins et il y en aura toujours, ces praticiens qui, tenus par le serment d'Hippocrate, respectent scrupuleusement la déontologie médicale, loin de toute tentation effrénée vers l'appât du gain.