Aujourd'hui l'enjeu n'est pas uniquement politique mais devient surtout économique. Quelle que soit la composition du gouvernement dit transitoire ou d'Union Nationale et indépendamment de tout parti politique, voler au secours de l'économie nationale doit inévitablement primer sur tout autre intérêt politique ou personnel. Ce qui urge aujourd'hui c'est de sauver ce qui reste à sauver. Un mois après l'oblitération de la production nationale, de l'investissement, de l'exportation, du marché financier, du tourisme, l'économie tunisienne risque de sombrer dans la récession économique. Nous risquons de passer d'un taux de croissance- quoique gonflé- de 3,8% en 2010 à un taux de croissance du (Produit Intérieur Brut) nul ou même négatif et on parlera donc d'une récession économique. Il y a, aujourd'hui urgence de conjuguer tous les efforts afin de sauver les secteurs touchés au lendemain de la révolution populaire. Industrie, commerce extérieur, finance, tourisme, distribution, investissements, des secteurs durement touchés. Et c'est grave dans la mesure où ce sont les secteurs les plus générateurs en emplois, en devises étrangères et aussi les secteurs qui ont une contribution importante dans la valeur ajoutée du pays. Le secteur du tourisme emploie à lui seul 350.000 emplois et contribue à hauteur de 6% dans le PIB. La contribution respective des secteurs du commerce extérieur et des services (dont Finances et distribution) dépasse les 20% pour l'un et les 40% pour l'autre. Imaginons un peu, l'impact et les dégâts de la situation actuelle sur la structure et le degré de résistance même de ces secteurs face aux nouveaux chocs endogènes. Dîtes nous politiciens et protestataires, qui va payer les pots cassés ? Comment va-ton sauver les emplois détruits et créer de nouveaux emplois et reprendre avec la production, l'exportation, l'investissement, la demande, l'emploi et donc la croissance ? La récession économique nous guette et nous menace et n'est pas loin de frapper à nos portes. C'est l'heure du réveil qui risque de s'avérer tardif. Actuellement, il faut dresser le bilan des dégâts causés, secteur par secteur pour pourvoir tracer le plan d'actions concret et pratique. Il s'agit d'un plan d'urgence mais non d'un plan stratégique. Cette situation nous lègue un héritage enpoisonné.. Les chiffres et statistiques économiques officiels ont été toujours accusés, en catimini bien sûr, de données erronées qui ne reflètent pas la réalité de l'économie nationale. Donc si cela existe, le bilan ne serait chaotique. Loin de dramatiser, le gouvernement transitoire est face à une toile d'araignée. Comment va-t-on sortir du pétrin ? Une bouffée d'oxygène ? La saisie des biens mobiliers et immobiliers de la famille déchue et le comité créé pour le suivi des affaires de corruption et de détournements de fonds publics ou privés et au cas où en aura la chance inouïe de les récupérer, seraient-ils un atout et un apport pour l'économie nationale et un moyen de sortie. Le rapatriement des richesses et biens volés refoulera sans aucun doute les caisses de trésorerie qui sont aujourd'hui à sec et relanceront le tissu économique et financier. Il ne faut pas oublier que la corruption, le blanchiment d'argent, la masse de détournement de fonds que l'on apprend aujourd'hui à chaque instant, la mauvaise gouvernance, et les profusions de plusieurs membres du gouvernement… ont coûté à l'économie nationale des pertes matérielles et humaines dénombrables. Combien de points ont été perdus dans la croissance économique du pays ? Une grande part de la croissance économique et du développement social (emploi et égalité sociale), a été extirpée par l'ancien régime et ce sous la barbe de nous tous. Nous disons que si cette fortune des « Ben Ali » des Trabelsis, de toute la famille proche et alliée et de tous les autres corrompus, renflouera les comptes nationaux. Elle contribuera peut-être au sauvetage de l'économie nationale. Ce qui n'est pas évident.