• Des médecins bénévoles ont créé une unité de soins. • Difficultés surtout avec la coupure d'électricité et les cas comateux… • Ce n'est qu'à 20 heures (jeudi soir) que l'électricité est revenue et que la première ambulance est arrivée Qu'on donne satisfaction ou pas aux grévistes de la faim, il est question ici de leur état de santé qui flanche. Les contestataires dont certains parmi eux observent une grève de la faim depuis des jours, sont fragilisés physiquement …voire même moralement. Notre reportage, hier, depuis la matinée, jusqu'à la tombée de la nuit, en fait état. Ils sont venus d'horizons différents et ils sont là sous l'emblème de l'humanisme : les blouses blanches se mobilisent pour la bonne cause pour que les frontières se serrent entre les spécialistes. « On se sert les coudes depuis des jours. On se relaie pour qu'il y ait toujours des médecins sur place. Hier j'ai passé la nuit ici » nous dit Skander Mzah, un interniste qui travaille bénévolement dans une unité médicale créée juste en face du ministère des finances pour gérer les petites urgences. Rania Jebri sa collègue nous a lancé dans la foulée « Hier nous avons géré cinq cas d'hypoglycémie et l'ambulance n'est arrivée qu'à 20h00 parce qu'elle était interdite d'accès. On n'avait pas de lumière, on était obligé de faire des perfusions à la lumière d'une bougie. », nous dit cette interne en médecine qui continue «Ces gens ont besoin d'écoute et de soutien moral. Ils sont réceptifs quand on prend la peine de leur parler. » Le Dr Sami Ben Sassi, gynécologue, installé au privé en est bien conscient « Je suis un médecin qui fait de l'humanisme. Voilà pourquoi j'ai installé cette unité avec la collaboration d'autres consœurs, Mariem Darghouth, pédiatre et Kenza Mghaieth ophtalmologue depuis maintenant cinq jours. Je compte créer une allée et installer un brancard pour amener les patients jusqu'à l'ambulance plus facilement. Suite à quoi je céderai ma place aux spécialistes du Croissant Rouge qui devraient venir apporter des soins aux gens qui en ont besoin. » confie-t-il. Un avis qu'il partage avec le Dr Fawzi Charfi, orthopédiste, lui aussi installé au privé. « Il faut que le croissant rouge intervienne autrement on ne pourra pas s'en sortir. » dit-il lorsqu'il fut interrompu par l'intervention d'une femme venu proposer son aide à l'équipe médicale présente sur les lieux. Une grève de la faim, et après… De l'autre côté,… il y avait les grévistes de la faim. Que peut-on en dire sinon qu'ils sont des laissés pour compte de la politique du vice consacrée par un Ben Ali sans foi ni loi. Ils sont venus de tous bords, pour nous balancer en pleine figure une réalité que des gens bien installés dans le confort de leurs certitudes et de leurs sièges, nous ont occultée. Ayant été ‘'affamés'' depuis deux décennies, ils ne trouvent aucun inconvénient à observer une grève de la faim. Comme par stoïcisme, Mohamed Ayouni et ses compagnons de route, Zaer Blali, et Mohamed Ali Akrouti sont logés dans une même tente qu'ils ont installée sur la place de la Kasbah et sont logés à la même enseigne quand il s'agit d'aller jusqu'au bout de leurs revendications. Ne vous souciez-pas de votre état de santé lui avons-nous demandé ? Notre interlocuteur complètement affaibli, nous répondit en hochant de la tête exprimant un NON catégorique. Un non qui en dit long sur l'entêtement des grévistes de la faim décidés à aller contre vent et marrées. « On ne peut être révolutionnaire si on n'est pas radicaliste » nous lance l'un d'eux. Sauf que l'Histoire a montré que les grandes révolutions ont toujours été traitées par les ‘'grands remèdes''. A notre sortie de la Kasbah les policiers barricadaient toutes les entrées de la place se préparant à toute attaque contre les manifestants…