Le nombre des détenus grévistes de la faim atteint 194 personnes Une commission nationale multidisciplinaire composée de médecins, de juges et de spécialistes dans le domaine de l'éthique médicale sera créée pour mettre en place un protocole de suivi des cas de grève de la faim dans les prisons. Cette mesure intervient à l'issue d'une séance de travail tenue, hier, au siège du ministère de la Santé, et consacrée au traitement de la question de la grève de la faim du point de vue médical et humain. Ont participé à cette rencontre des chefs de service dans les établissements hospitalo-universitaires ainsi que des représentants des ministères de l'Intérieur et de la Justice. A cette occasion, le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, a évoqué la déclaration de Malte de l'Association médicale mondiale sur les grévistes de la faim qui insiste sur le respect de la décision du gréviste de ne pas s'alimenter même s'il est inconscient. Il a fait la lumière sur les mesures prises par les ministères de la Santé et de la Justice en vue d'assurer le suivi de l'état de santé des deux grévistes de la faim ayant trouvé récemment la mort (Bakhti et El-Golli) ainsi que les efforts déployés pour les convaincre de suspendre leur grève, signalant qu'il n'y a pas eu de manque de vigilance de la part des médecins. De son côté, le ministre des Droits de l'Homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, a souligné la primauté de la loi, ainsi que le prestige de l'Etat qui, a-t-il dit, doivent être pris en considération lors du traitement du phénomène de la grève de la faim, devenu, au fil du temps, une forme de protestation contre l'autorité. Le chef de service à l'hôpital Razi, Zouhaier El Hechmi, a indiqué que le médecin doit décider d'hospitaliser le gréviste de la faim lorsqu'il juge que son état de santé a atteint un stade l'empêchant de décider de la poursuite de sa grève au risque de sa vie. Dans ce cas, il faut le soigner et l'alimenter, a-t-il dit. D'autres participants ont proposé que le comité national d'éthique médicale émette un avis sur la nécessité ou non d'alimenter un gréviste de la faim malgré lui lorsque sa vie est en danger, précisant qu'en général, il faut respecter le choix du gréviste tant que cela ne contredit pas l'obligation d'assistance à personne en danger. Des intervenants ont proposé la création d'une équipe médicale pluridisciplinaire pour pallier la dégradation de l'état de santé du gréviste, insistant sur l'importance d'établir une relation de confiance entre le gréviste, de la faim et le médecin pour pouvoir le convaincre, ensuite, de suspendre son mouvement. Selon le ministère de la justice, le nombre des détenus grévistes de la faim a atteint 194 personnes.