Ils sont presque 50 personnes à camper, depuis samedi dernier, devant le siège du ministère de l'Emploi. Ces originaires de la ville de Redaief, de Metlaoui et d'autres régions du sud tunisien sont venus faire entendre le mal de vivre d'une jeunesse qui n'arrive pas à travailler dans une région qui abrite la compagnie des phosphates laquelle occupe la cinquième place mondiale avec une production de presque huit millions de tonnes chaque année. « Nous sommes 488 candidats à avoir réussi au concours de la CPG. 263 parmi nous ont été retirés de la liste sans aucune explication. Franchement c'est la honte. Ce gouvernement a perdu toute crédibilité et n'arrivera jamais à gagner la confiance des jeunes du sud ayant souffert le martyre pour déclencher la Révolution », crie Saber Ben Mabrouk, venu revendiquer une réponse claire et honnête de la part du ministère expliquant les raisons du refus de son dossier. « Nous sommes des citoyens à part entière et nous allons tout faire pour mener une vie digne au sein de notre pays. Ce sit-in n'est que le début d'une colère qui sera l'étincelle d'une nouvelle Révolution », dit-il en ajoutant que des centaines parmi les habitants du sud sont en route vers la capitale pour manifester contre l'indifférence du gouvernement. De la grève de la faim à la tentative de suicide Après une semaine de grève face à la sourde oreille du gouvernement, deux grévistes ont tenté, hier matin, de se suicider dont Khémaies Saad, un père de famille âgé de 38 ans qui est en sa troisième tentative. « Je suis affirmatif en réclamant que nous n'avons plus peur de la mort », dit Khémaies avec une toute petite voix après avoir été transporté à l'hôpital Charles Nicolle. Pour lui, le concours de la CPG manque de toute transparence et ne répond à aucune logique. « Le gouvernement d'Ennahdha ne mérite aucun respect de notre part. Essayons d'être francs et cessons de mettre de la poudre aux yeux : les résultats du concours sont une preuve indiscutable démontrant la malhonnêteté des membres de la commission chargée du recrutement. Pour cela, je n'arrêterai pas d'essayer de me suicider afin de montrer à ces gens et au gouvernement d'Ennahdha que le compte à rebours de la deuxième Révolution est déjà déclenché ». Khémaies n'était pas le seul à être transporté à l'hôpital. Pas loin de lui, Un groupe de sit-inneurs occupait une chambre composée de deux lits en attente du médecin pour examiner leur état critique après trois longues journées de grève de la faim. « Nous sommes des jeunes et des moins jeunes, des femmes et des enfants à vivre la misère dans tous ses états. Nous sommes des pères de familles et des fils de veuves mères à revendiquer le droit à une vie digne avec un travail et une couverture sociale », note Massoud Rahhali, un père de trois enfants venu camper avec sa femme et ses trois frères handicapés. Selon lui, les conditions de vie des habitants du bassin minier sont plus que lamentables. «Nous avons attendu les résultats du concours en espérant en finir avec le manque de transparence des concours du règne de Ben Ali. Malheureusement, il s'est avéré que rien n'a changé », hurle Massoud en montrant le dossier de sa candidature et en menaçant de se suicider si jamais le gouvernement continue d'être indifférente et de manquer de respect à l'égard des chômeurs et de leurs familles. Le ministère laconique : «C'est comme ça!» La réponse du ministère concerné a été simple et directe. « Les dossiers proposés par les manifestants ne répondent pas aux critères de recrutement », affirme Hédi Triki, conseiller auprès du ministre de l'Emploi. Et d'ajouter que les grévistes demandent à être recrutés pour une seule raison : être originaires du sud-ouest tunisien. « Or ce n'est pas possible vu plusieurs raisons dont les conditions difficiles que vit le bassin minier depuis plus d'une année », explique Triki qui a essayé de discuter avec les manifestants mais qui a fini par quitter les lieux après l'agression d'un employé du ministère de la part d'un gréviste.