Hier, c'était la débandade totale dans les collèges et lycées de la capitale comme dans beaucoup d'autres à travers le pays. A midi, nombreux étaient les établissements scolaires qui avaient fermé leurs portes. D'après un membre du Syndicat Général de l'enseignement secondaire, la plupart des lycées de l'Ariana ont arrêté les cours et à la mi-journée, on comptait plus d'une dizaine de lycées fermés à Tunis. La situation a dégénéré d'abord à l'Ariana où, très tôt le matin, on répandit la rumeur de l'enlèvement d'un écolier. Ensuite, des inconnus organisés en bandes ont commencé à terroriser de diverses manières les élèves et à en agresser quelques uns. C'est ce qui a amené plusieurs parents à venir prendre leurs enfants menacés. Notre interlocuteur est persuadé que ces individus appartiennent aux milices du R.C.D. « qui visent à semer la terreur parmi les jeunes avec l'intention aussi de leur laisser entendre que leur révolution a provoqué le désordre et l'insécurité partout dans le pays. C'est, ajoute le responsable syndical, une manière de se venger de cette jeunesse d'étudiants et d'élèves qui a déclenché le soulèvement populaire en Tunisie et qui a mis à nu les vils méfaits de ces bandits et ceux de leurs maîtres. Je suis certain que ces agressions et ces manœuvres sont orchestrées par des fonctionnaires et des barbouzes de l'ancien régime ; nous soupçonnons même la complicité de certains membres de l'actuel gouvernement de transition. C'est à mettre en rapport avec ce qui s'est passé ce lundi à Kasserine où des inconnus ont lancé l'ordre de grève générale dans la ville et forcé les habitants à observer ce débrayage en menaçant de tout détruire sur leur passage ». Nous avons par ailleurs appris que le Syndicat général de l'enseignement général a lancé hier un appel à l'opinion publique pour dénoncer les instigateurs véritables de la campagne qui terrorise les élèves et entrave le déroulement normal de leurs cours. On demande également aux parents de prendre leurs responsabilités afin d'aider les enseignants à rétablir l'ordre et la confiance parmi les élèves et l'on attend de ces derniers qu'ils s'organisent en comités pour défendre leurs établissements contre tous les assaillants indésirables et malfaisants.