Ben Arous : cette nuit, déviation partielle de la circulation au niveau de l'hôpital des grands brûlés    Les investissements étrangers ont augmenté de 22% en Tunisie    Suspension temporaire des services du Registre National des Entreprises    Programme officiel : découvrez les dates et matchs de Ligue 1 !    ASM- ASS (1-0) : Et Ahmed Hadhri surgit !    Le CSS l'emporte in extremis : Chèrement acquis    Le CAB enchaîne un deuxième succès contre : l'ASG Trois points précieux !    La crise des boulangeries s'allège en Tunisie    Migrants tunisiens disparus en mer : des enfants dans l'embarcation, alerte de Mostafa Abdelkebir    Conseil du deuxième district : Ahmed Barouni répond aux critiques de Ben Zineb    Universités tunisiennes : la longueur des jupes plus urgente que la qualité des cours    Données personnelles et cybercriminalité : le cri d'alarme du délégué à la protection de l'enfance    Affaire de corruption : Taieb Rached et Najib Ismail resteront derrière les barreaux    Tunisie : El Fouladh lance un concours pour recruter 60 agents    80 000 policiers mobilisés : Paris sous haute tension    Coupe du monde 2026 : l'Afrique du Sud menacée d'une lourde sanction !    USMO : fin de l'aventure pour Victor Musa    Fort séisme de magnitude 7,8 en Russie, alerte au tsunami déclenchée    Indonésie : Séisme de magnitude 6,1 en Papouasie    Kais Saied dénonce les coupures intentionnelles d'eau et d'électricité et critique la gestion administrative    Pluies intenses prévues sur l'ouest de la Méditerranée !    Tunisie : arrestation de 19 criminels dangereux à Zahrouni    Suppression des ralentisseurs illégaux autour des écoles à Sousse    Kaïs Saïed dénonce une « guerre acharnée » contre l'Etat tunisien    Habib Touhami: Quand ressurgissent les fantômes du passé!    Onu-Veto américain à un projet de résolution pour un cessez-le-feu à Gaza    Météo : Soleil et mer calme    Grèves en France : des centaines de milliers de manifestants dans la rue    Les Etats-Unis opposent à nouveau leur véto à l'ONU sur Gaza    La BH BANK renouvelle ses interventions sociales en partenariat avec l'Union Tunisienne de Solidarité Sociale    Open de Saint-Tropez : Moez Echargui qualifié pour les quarts de finale    Industrie tunisienne : exportations +1,9 %, importations +8 %    Journée internationale de l'ozone : la Tunisie réaffirme son engagement aux côtés de l'ONUDI et de l'ANPE    La Tunisie gagne des places dans le classement de la FIFA    Vol Paris-Corse : plus de 15 minutes dans les airs... ce qui s'est passé va vous surprendre    Sfax célèbre l'humour à l'hôtel ibis avec ibis Comedy Club    La Bibliothèque nationale de Tunisie accueille des fonds de personnalités Tunisiennes marquantes    Le président est dans un oued, le gouvernement dans un autre    Les raisons de la hausse des prix de la viande de poulet en Tunisie    Le ministre de la Défense s'entretient avec le prince héritier du Koweït    Lancement de la distribution des semences et engrais pour la saison agricole 2025-2026    Fadhel Jaziri: L'audace et la norme    "The Voice Of Hind Rajab » film d'ouverture du Festival du film de Doha    Mois du cinéma documentaire en Tunisie : une vitrine sur le cinéma indépendant et alternatif    Elyes Ghariani - La solution à deux Etats: clé de la justice pour les Palestiniens et de la stabilité régionale    Fadhel Jaziri - Abdelwahab Meddeb: Disparition de deux amis qui nous ont tant appris    Décès de Robert Redford légende du cinéma américain    1,5 million de dollars pour faire de la culture un moteur de développement en Tunisie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Une pièce de théâtre qui passe en revue tous les maux d'une société
"Amnesia"
Publié dans Le Temps le 03 - 02 - 2011

Onze comédiens(nes) tunisien(ne) s, accompagnés de leur metteur en scène, faisant comme un seul homme le V de la victoire, à l'heure des saluts : l'image était belle et l'émotion palpable, vendredi 28 janvier au soir, au Théâtre national de Bordeaux. Jalila Baccar, auteure et comédienne, et Fadhel Jaïbi, metteur en scène, figures de proue d'un théâtre tunisien indépendant, venaient de présenter leur pièce, Amnesia, dont la dimension prémonitoire sautait à la figure, un mois après le début de la révolution.
Le couple l'a créée en avril 2010 au Mondial, son théâtre de Tunis, cette pièce qui raconte la chute d'un dictateur, et le long cauchemar en forme de jugement qui s'ensuit pour lui. "Fadhel voulait faire le procès de Ben Ali, et moi je voulais faire celui du peuple, à mon sens amnésique et apathique, s'amuse Jalila Baccar. Finalement, nous avons fait un mixte des deux. Mais nous avons eu un mal fou à trouver les mots pour dire ce que nous avions envie de dire : il nous a fallu du temps pour casser une forme d'autocensure inconsciente, que nous n'avions pourtant cessé de combattre depuis toujours."
Jouée à guichets fermés pendant deux mois, Amnesia a passé par miracle le barrage de la censure, ce qui n'avait pas été le cas de la pièce précédente du couple, Corps otages (que l'on a pu voir au Théâtre de l'Odéon, à Paris, en 2006). "Depuis trente ans que nous enfonçons le même clou d'un théâtre citoyen et résistant, ancré dans l'ici et maintenant, nous avons eu d'innombrables soucis avec la censure, rappelle Fadhel Jaïbi. Mais, au moment de la création d'Amnesia, le ministre de la culture avait changé : c'était un ancien homme de théâtre, qui n'a pas voulu trop nous embêter..."
Pour autant, la pièce, qui passe en revue tous les maux de la Tunisie de Ben Ali, du népotisme à la corruption en passant par les difficultés économiques et la surveillance policière, n'a pas fait l'objet de comptes rendus dans les médias officiels : elle a pourtant joué le rôle d'un véritable forum, malgré la présence de trente ou quarante policiers par soir dans la salle de 450 places.
"Notre situation était emblématique de ce pays schizophrène, analyse Fadhel Jaïbi. Nous étions tolérés par l'Etat, notamment parce que nous tournons beaucoup à l'étranger, et que nous avons servi, comme quelques autres, d'alibi et de vitrine à ce régime qui savait si bien soigner sa carte postale. Nous touchions des subventions. Mais, parallèlement, nous étions interdits de séjour dans les médias officiels depuis dix ans."
Le couple, qui a hâte de rentrer à Tunis pour vivre une révolution qu'il suit à distance, depuis le 15 janvier, pour cause de tournée française, reconnaît s'être trompé sur la jeunesse tunisienne : "On la trouvait dépolitisée et démobilisée. On a fini par comprendre qu'elle portait d'autres rêves que ceux qui étaient les nôtres au même âge."
Comme beaucoup d'artistes et d'intellectuels tunisiens, Fadhel Jaïbi et Jalila Baccar sont partagés entre l'optimisme et la crainte d'une "OPA" lancée sur la révolution, non pas tant par les islamistes ("pas en Tunisie") que par le "gouvernement économique mondial". La meilleure manière d'intervenir dans les événements, pour eux, c'est de continuer à faire du théâtre, en toute indépendance. Jalila Baccar a refusé le poste de ministre de la culture, qui lui avait été offert avant d'être proposé à la réalisatrice Moufida Tlatli. Fadhel Jaïbi, lui, n'acceptera pas la direction du Théâtre national, institution selon lui "gangrenée jusqu'à la moelle".
"Nous serons plus utiles à la place où nous sommes, assurent-ils en souriant. A 65 ans, nous allons voter pour la première fois de notre vie. Nous avons envie de créer un nouveau spectacle avec ces jeunes qui ont fait la révolution, pour leur donner la parole. Quant à Amnesia, il poursuit sa route : le spectacle part prochainement en tournée au Maroc, au Liban, en Syrie, en Jordanie et, plus tard seulement, hélas, en Egypte."
(D'après Le MONDE du 31 janvier 2011)


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.