Le Temps - TAP - Volontiers engagé et porteur de revendications sociales et politiques, le rap tunisien a attiré ces dernières années un public de plus en plus large. Il s'agit notamment de jeunes en quête de parole libérée, qui trouvent dans ce genre musical un écho de leur ras-le-bol et de leurs aspirations à plus de liberté et de justice. ''Personae non gratae'' dans les médias traditionnels sous le règne de Ben Ali, les rappeurs tunisiens ont recouru aux réseaux sociaux sur Internet, Facebook en tête, pour diffuser leurs chansons, et être au contact avec leur public. Souvent en prise avec l'appareil sécuritaire avant le 14 janvier 2011, les rappeurs tunisiens ont gagné, depuis, le droit de créer et de s'exprimer librement. Le cas de Hamada Ben Amor, alias ''El général'' est révélateur de cette transformation. Sa chanson ''Rais El Bled'', dans laquelle le rappeur s'adresse directement à l'ancien président Ben Ali, l'accusant d'être responsable de la dégradation de la situation sociale et des libertés publiques, a connu un franc succès sur la toile. Début janvier, quelques jours seulement avant sa fuite, l'ancien président a fait embastiller ce Boris Vian tunisien, coupable de lèse-majesté. Libéré à la faveur de la révolution, le général-rappeur accumule depuis les plateaux télé et les émissions radio. A plusieurs reprises, il s'est déclaré ''fier'' d'avoir écrit cette chanson. Il a également souligné le rôle que peuvent jouer les rappeurs, avec leur musique à texte, comme porte-voix de la critique sociale et politique. D'éclaireurs, ces artistes engagés se transforment, en quelque sorte, en sentinelles de la révolution, au grand bonheur de leurs nombreux fans.