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La place Tahrir, «cité» de la liberté, assiégée
Publié dans Le Temps le 11 - 02 - 2011

Juché sur la première des barricades érigées près du musée égyptien, il attend la mort. Les bras ouverts, les mains tendues et le sourire naïf : c'est le martyr de Tahrir. Enfin, le futur. Car en ce milieu d'après-midi, vendredi, l'ennemi reste caché. Et l'homme s'impatiente. Seule une centaine de beltaguis - les nervis du pouvoir - se montrent. Ils sont loin, retenus par une dizaine de militaires. Pas de quoi inquiéter les dizaines de milliers d'opposants réunis pour le «jour du départ» du Président, fermement installés sur la place.
Deux heures plus tard, une centaine de jeunes pro-Moubarak tentent de récupérer à coups de pierre et de cocktails Molotov la place Talaat-Harb, perdue la veille, et qui constitue l'une des portes d'entrée importante de la place Tahrir. Ils sont repoussés dans les rues du centre, perdant au passage quelques-uns des leurs, dont l'un sera évacué inanimé et ensanglanté.
Depuis des jours, les opposants n'ont plus peur. Hier, ils ont défendu leur territoire des heures durant contre des pro-Moubarak venus en nombre, certains à cheval ou à dos de chameau. Et ils savent - tout comme le sait le pouvoir - que seule l'armée pourrait les déloger. Au prix de nombreux morts. Bref, à moins d'une intervention militaire, les anti-Moubarak garderont la place qu'ils occupent depuis une semaine et qui est devenue, au fil des jours, une véritable forteresse, une ville dans la ville.
Chaque entrée de l'esplanade est désormais obstruée, et protégée par deux ou trois rangées de barricades de plus en plus sophistiquées, doublées, depuis vendredi soir, d'une ligne de barbelés. Pour entrer, il faut se soumettre à trois fouilles et autant de contrôles d'identité. «C'est pour éviter les infiltrations des supporteurs de Moubarak», s'excuse à chaque fois le préposé aux palpations. Sur le front principal, près du musée égyptien, plusieurs camions confortent le dispositif, que complète une catapulte de fortune.
Des guetteurs surveillent en permanence les barricades. Ils frappent sur des bidons en fer pour signaler l'arrivée d'assaillants. «C'est notre cloche, notre système de ralliement !» rigole un des insurgés. A ce signal, des dizaines de défenseurs, certains coiffés d'un casque de chantier, surgissent pour tenir la position. Pas ou peu de bâtons parmi les émeutiers, tout se fait à coups de pierres. Répartis sur l'ensemble de la place, six hôpitaux de campagne accueillent les gueules cassées. Depuis vendredi, les équipes médicales rendent visite aux blessés. On ne compte plus les nombreuses blessures à la tête, à l'œil, aux bras et aux jambes. De plus en plus d'éclopés sillonnent ainsi la place, souriant et fiers de leurs blessures. La nourriture et des bouteilles d'eau sont distribuées - gratuitement - tout au long de la journée, par des volontaires, souvent des filles.
Une ligne électrique de fortune a été tirée à partir de la boutique Egypt Air. Elle permet de recharger des dizaines de téléphones portables. Un bureau des objets trouvés a été installé au fond de la place, sur lequel trônent des dizaines de trousseaux de clés, de téléphones, de papiers d'identité, de lunettes ou encore de corans perdus lors des combats.
Une semaine après l'occupation de la place, le lieu est aussi devenu incontournable pour tout prétendant à la succession de Moubarak. Après la visite dimanche de l'opposant Mohamed el-Baradei, c'était vendredi dernier au tour de l'ancien ministre des Affaires étrangères, et actuel secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, de s'y montrer.
D'après Libération
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Profession: harangueur de foule
Le Temps-Agences - Debout sur scène face à une foule électrique, micro en main, entouré de deux murs d'enceintes, on pourrait le prendre pour une rock star: mais en guise de répertoire, Ali scande des slogans anti-Moubarak. Et son stade à lui, c'est la place Tahrir, épicentre de la révolte égyptienne.
Jean et blouson en cuir, l'homme dirige les clameurs des manifestants tel un chef d'orchestre, bras levés. "Dictateur, dégage!", "lui il part nous nous restons!"; il tend le micro au public qui reprend en choeur. Ali fait mine de ne pas entendre et tend l'oreille, pour les encourager à pousser un peu plus de la voix. La clameur s'amplifie, les drapeaux s'agitent, le tour est joué.
Sans vrai leader politique, les protestataires s'en remettent à ces dizaines de "maîtres de cérémonie" disséminés sur la place emblématique pour animer le mouvement et les motiver, malgré l'épuisement qui commence à poindre après deux semaines de mobilisation.
Parmi eux, Ali Elfi, un Egyptien de 39 ans soit "seulement neuf ans sur terre sans Moubarak", prend son rôle de "MC" très au sérieux et ne manque pas de talent. Débit rythmé, gestes saccadés, son rap fait tourner les keffiehs et galvanise l'assemblée, tandis que des "fans" se pressent à la barrière pour lui tendre des bouts de papier suggérant des slogans.
Qu'importe la fatigue, confesse-t-il la voix éraillée. "Je suis là tous les jours depuis le début" des rassemblements place Tahrir, le 25 janvier, assure-t-il. Seule entrave à son engagement, il ne campe pas ici le soir: "Ma femme est enceinte", sourit-il en mimant un ventre rond.
Chercheur en sciences politiques, poète à ses heures perdues, il jure de rester mobilisé "jusqu'au départ de Moubarak", pour "mettre fin à trente ans de corruption". Son pronostic? "Il va partir dans quelques jours, j'en suis sûr à 200%", affirme-t-il, en assurant que le mouvement, loin de s'essoufler, prend de l'ampleur.
"Je viens de voir des amis et des membres de ma famille dans la foule, qui vivent dans la province de Beheira (dans le delta du Nil, ndlr), je ne savais même pas qu'ils étaient là!", s'exclame-t-il, avant de sauter de joie à la vue d'un vaste cortège de manifestants venus grossir les rangs de la contestation.
Soudain, deux petites filles montent sur le podium, en pleurs. L'une d'entre elles glisse quelque chose à l'oreille d'Ali, qui gribouille sur son carnet avant de s'emparer du micro.
"La petite Nasrin est ici", lance-t-il à la foule, dans l'espoir d'alerter les parents. "La révolution veille sur ses enfants", s'enorgueillit un organisateur.
Le meneur marque une pause, remplacé à la tribune par d'autres "MC". Certains, moins doués, soufflent dans le micro, font grésiller les baffles et grincer le public des dents. L'ambiance retombe comme un soufflé. Il est temps qu'Ali retourne sur scène.
"Je serai là jusqu'à minuit. Et demain aussi", promet-il avant de reprendre, d'un bond, sa place sur le podium, face à une mer de drapeaux égyptiens.
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Frictions entre Washington et le Caire
Le Temps-Agences - Le ton montait mercredi entre Washington et Le Caire, la Maison Blanche estimant que les changements engagés par le pouvoir égyptien restaient insuffisants, tandis que le chef de la diplomatie égyptienne accusait les Américains de vouloir "imposer" leur volonté à son pays.
Au seizième jour d'une révolte sans précédent contre le régime de son allié Hosni Moubarak, Washington a dû se défendre de toute ingérence dans les affaires de l'Egypte, mais en réclamant à nouveau des réformes qui satisfassent les manifestants de la place Tahrir.
"A l'évidence, ce que le gouvernement a mis sur la table jusqu'à présent n'a pas répondu au seuil minimum de ce qui est exigé par les Egyptiens", a observé devant la presse le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs.
Gibbs s'en est pris particulièrement au vice-président égyptien Omar Souleimane, chargé par Moubarak de négocier une transition politique avec l'opposition.
"Son processus de transition ne semble pas correspondre à ce qu'attendent les Egyptiens", a ajouté le porte-parole de Barack Obama, mettant en garde contre une nouvelle flambée de protestation en Egypte si le pouvoir ne cède pas suffisamment de terrain.
Un haut responsable du département d'Etat, Jake Sullivan, a pour sa part souligné que "les Etats-Unis n'ont jamais dit que le vice-président Souleimane était la personne qui convenait (pour diriger la transition) ou prononcé de jugement pour dire qui devrait être aux commandes".
"Nous ne nous intéressons pas aux personnes (...) mais aux résultats concrets", a-t-il ajouté lors d'une téléconférence de presse.
Le régime égyptien avait auparavant laissé percer sa mauvaise humeur à l'égard des pressions de Washington.
Interrogé sur ces déclarations, le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley, à encouragé l'armée égyptienne à "continuer à faire preuve de la même modération qu'au cours des derniers jours".
Interrogé sur les propos du ministre égyptien, Crowley a assuré que Washington ne cherchait pas "à dicter quoi que ce soit". Il s'est défendu que l'appel à lever immédiatement l'état d'urgence relève d'une "ingérence" et souligné que la solution à la crise devrait être trouvée par les Egyptiens eux-mêmes.
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Esraa Abdel Fattah, la lutte originelle
Le Mouvement du 6 avril est né en 2008 d'un coup de gueule d'une jeune fille sur Facebook.
Elle s'appelle Esraa Abdel Fattah et c'est elle, qui, sans le savoir, est à l'origine du puissant mouvement de contestation qui secoue l'Egypte. Le destin de cette trentenaire, pas spécialement politisée, bascule en 2008, un soir de printemps. Le pays a été sonné, un an plus tôt, par la colère des ouvriers des usines textiles de Mahalla, fleuron de l'industrie nationale, qui ont dénoncé par une grève massive leurs salaires aux rabais et leur précarité. L'Egypte s'interroge sur les paradoxes de son taux de croissance endiablé, alors que la population, à bout de souffle, s'épuise. La cherté de la vie touche toutes les classes sociales.
Derrière son ordinateur, la jeune fille sans histoires tape quelques lignes à la volée, qu'elle poste sur Facebook : «Pas de travail, pas d'université, pas d'école, pas de commerce. On a juste besoin de justice. On a besoin de salaires suffisants, on a besoin de travail.» L'appel, en une poignée de jours, reçoit l'adhésion de dizaines de milliers d'internautes. L'hypothèse d'une grève générale fait trembler le pays.
Prison
Le 6 avril 2008 au matin, le Caire s'éveille. Des forces anti-émeute ont été déployées sur les lieux stratégiques. La grève, tuée dans l'œuf, n'aura pas lieu et Esraa passera seize jours en prison. A l'époque, le politologue Nabil Abdel Fattah, interviewé par l'hebdomadaire Al-Ahram Weekly, analyse, prophétique : «Des centaines de jeunes Egyptiens remplaceront Esraa et utiliseront le cyberespace pour exprimer leurs demandes sociopolitiques, aucune censure, ni stratégie de dissuasion ne pourra les stopper.»
De cette dynamique naît donc le Mouvement du 6 avril, qui a lancé sur Facebook le premier appel à manifester, le 25 janvier, dans la foulée de la révolution tunisienne. Un conglomérat disparate de jeunes urbains, ados et post-ados, branchés sur le monde, polyglottes, chrétiens ou musulmans. Actif sur tous les fronts, prompt à la mobilisation, que ce soit pour alerter sur l'arrestation d'un blogueur ou manifester contre la guerre à Gaza, le mouvement prend toujours grand soin de se distancier des partis politiques.
Electron libre
Avec leurs armes, Twitter et Facebook, les activistes du 6 avril deviennent une épine dans le pied de l'Egypte, un énervant insecte, sans que quiconque puisse imaginer qu'ils seront à l'origine de ce soulèvement. En témoigne un câble diplomatique américain révélé par WikiLeaks, décrivant le mouvement comme un électron libre à la marge de l'opposition et aux revendications démocratiques «irréalistes».
Quand Mohamed el-Baradei revient en Egypte en janvier, le mouvement et ses sympathisants forment le terreau sur lequel le Prix Nobel de la paix va s'appuyer, au sein de l'Alliance nationale pour le changement qu'il a créé. Mais ses trop longues absences hors du pays ont fini par décevoir. «Le 6 avril, comme toute l'opposition des jeunes, c'est une salata baladi[salade maison, ndlr]», résument les Egyptiens pour décrire ce mouvement sans leader, sans plateforme et sans structure.
Mais alors qu'entre le pouvoir et l'opposition commence à se dessiner une ébauche de dialogue, où trouver sa place ? Entre les partis traditionnels, peu représentatifs mais structurés, et les Frères musulmans, reconnus aujourd'hui comme des interlocuteurs par le pouvoir, les jeunes du 6 avril vont-ils pouvoir continuer à faire entendre leur voix ?
D'après Libération
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Coup dur pour le commerce via les tunnels de Gaza
Le Temps-Agences - L'agitation politique en Egypte, qui est entrée dans sa troisième semaine, ralentit la contrebande qui emprunte les tunnels vers la bande de Gaza voisine.
Les magasins du nord du Sinaï, qui reçoivent habituellement leur marchandise du Caire et des autres grandes villes égyptiennes, sont souvent en rupture de stock et ne peuvent plus répondre aux demandes venant de l'enclave palestinienne - en machines à laver, réfrigérateurs et ordinateurs, notamment.
"Si le calme ne revient pas en Egypte, je crains que les marchandises ne nous parviennent plus du tout et que le commerce via les tunnels ne disparaisse d'ici une semaine", déclare Abou Mahmoud, un contrebandier de Gaza.
Du fioul et du matériel de construction continuent d'arriver à Gaza par les tunnels mais en moindre quantité et à des prix plus élevés depuis le début des manifestations en Egypte le 25 janvier contre le régime du président Hosni Moubarak.
Dans les supermarchés, les prix des denrées de base, comme le sucre et la farine, n'ont guère augmenté car celles-ci ne viennent pas d'Egypte.
Plus de deux semaines après le début de la "Révolution du Nil", seuls quelques-uns des 250 tunnels entre le territoire égyptien et la bande de Gaza sont toujours ouverts, précise Abou Mahmoud.


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