« Préparer d'ores et déjà les J.O 2012 » Attitude courageuse du bureau fédéral de la FTA qui vient d'adresser une note circulaire inédite à tous les clubs adhérents les appelant, entre autres, à provoquer une assemblée générale extra- ordinaire pour l'amendement des statuts de la fédération et l'élection, dans la démocratie et la transparence, d'un nouveau bureau fédéral qui traduirait au mieux les objectifs de la Révolution du 14 Janvier et qui refléterait véritablement la volonté de l'ensemble de la famille l'athlétisme. Pour en savoir plus, nous avons approché le président de la FTA , M. Fathi Hachicha qui a bien voulu répondre à nos questions . Le Temps : La FTA ne semble pas être parmi les fédérations les plus contestées par la base. Pourquoi avez-vous pris cette initiative? F.H : Il faut bien mériter la Révolution et être en phase avec ses objectifs. Je profite pour rendre hommage à tous ses martyrs qui ont payé de leur vie pour nous procurer la liberté, la dignité et la fierté d'être tunisien. Notre pays est ainsi placé sur une trajectoire de développement global qui puisse tenir compte des attentes de l'ensemble des tunisiens, de la jeunesse et de toutes les régions. Aujourd'hui, l'occasion est donnée à tous, sans exclusion, et quel que soit leur domaine d'activités, à participer à l'effort d'édification dans un climat empreint de liberté, de transparence et de démocratie. En sport, notamment, les portes s'ouvrent devant toutes les compétences pour intégrer les structures de gestion (clubs, ligues, fédérations…) et conjuguer leurs efforts afin de redorer le blason. C'est dans cette optique, que le bureau fédéral de la FTA a jugé opportun de prendre cette initiative qui vise à nous rapprocher des clubs, à travailler en étroite collaboration avec eux et à faire en sorte que le sort de l'athlétisme soit entre leurs mains. Dans la pratique, comment allez vous procéder ? Nous avons saisi les clubs et nous attendons que les deux tiers demandent officiellement la convocation d'une Assemblée Générale extraordinaire pour la révision des statuts, notamment le système de scrutin et le vote par liste qui a, peut-être, montré ses limites, et puis, procéder à l'élection d'un nouveau bureau composé de personnes aptes à veiller aux destinées de ce sport, et représentant la famille élargie de l'athlétisme auprès des instances nationales et internationales. Ne pensez vous pas que cela aurait pu attendre la fin du mandat, c'est-à-dire après les J.O.2012 ? Il appartient aux clubs de trancher la-dessus. C'est à eux de décider de l'avenir proche de l'instance fédérale et de l'athlétisme en général. Q : Si la démarche que vous proposez est soutenue par les clubs, est ce que vous vous présenterez de nouveau pour la présidence de la FTA ? Cela fait plus de vingt ans que je suis impliqué dans le sport car j'ai toujours pensé que le sport est le meilleur moyen, après l'école, pour véhiculer les nobles valeurs d'éducation, d'abnégation, d'entraide et de fraternité. Autant que je suis convaincu qu'une jeunesse formée sur la base de ces valeurs, constitue le meilleur garant pour l'édification d'une société saine, équilibrée et tournée vers l'avenir. Je serai donc toujours prêt à servir le sport, étant intimement convaincu qu'en devenant une nation sportive, en éduquant la jeunesse selon les nobles valeurs de la pratique sportive, notre pays pourra aspirer à un avenir prospère. Comment voyez-vous l'avenir de l'athlétisme?? Il faudrait que l'athlétisme devienne le sport le plus pratiqué par les Tunisiens. Pour cela, il faudrait que la FTA s'accorde avec les clubs à piloter un projet qui puisse attirer les jeunes et les moins jeunes, les hommes et les femmes, à participer, régulièrement, à des courses qui seraient organisées dans tous les coins et recoins de la Tunisie. Chaque localité, chaque commune devrait avoir sa propre course, ne serait-ce qu'une fois par an. Regardez la France, plus de 5000 courses hors stade s'y tiennent chaque année. Il faudrait donc veiller à ce que L'athlétisme devienne, chez nous, à l'instar des pays développés, l'évènement du dimanche qui puisse attirer les foules et drainer, par conséquent, les médias et les sponsors générateurs de ressources servant à contribuer au développement des activités des clubs et à la préparation de l'élite. L'élite justement ! La dernière médaille olympique en athlétisme remonte à 1972. C'est pour quand un nouveau Gammoudi ? Justement!La performance devrait constituer l' objectif majeur de la fédération. Pour y arriver, il faudrait donner à la prospection et à la détection des jeunes talents la priorité absolue de l'action fédérale. Les techniciens et les officiels devraient bénéficier de stages de formation et de recyclage qui seraient assurés par les meilleurs experts au monde. Un plan rigoureux d'encadrement et de suivi des élites devrait être élaboré afin de les mener aux plus hautes marches des podiums mondiaux et olympiques, et réaliser, ainsi, le rêve de Mohamed Gammoudi et de tous les tunisiens. S'agissant des J.O de Londres 2012, il faudrait veiller à la réalisation des programmes de préparation de tous les athlètes susceptibles de nous représenter, notamment, Habiba Ghribi, 6éme mondiale au 3000 m Steeple avec 9'12'' et qui est à 7 secondes seulement de la championne du monde et Hassanine Sbai qui a grimpé de la 25ème à la 9ème place mondiale en l'espace de quelques mois, réalisant le remarquable temps de 1h 20' au 20 km marche, soit à moins de 3 minutes du record du monde. Tous les deux doivent pouvoir bénéficier du soutien de toute la famille de l'athlétisme, de tout le pays. Surtout que ces deux athlètes font preuve d'un courage incomparable, Habiba en reprenant avec beaucoup de détermination l'entrainement après un repos forcé de plus de huit mois et Hassanine en n'arrêtant pas de s'entrainer dur, en pleins évènements ayant secoué notre pays, et parfois même quand les tirs à balles réelles se faisaient entendre jusqu'à son parcours d'entrainement. N'ayant pas eu droit à la bourse olympique, il faudrait qu'ils aient le sentiment d'avoir tous les amoureux de l'athlétisme derrière eux. Ce n'est pas l'affaire du bureau fédéral uniquement. Les clubs doivent se sentir impliqués en contribuant à mener à bon port nos deux locomotives tout en œuvrant à détecter et à former de nouveaux champions.