De Hatem Belhaj - Mais que pense la majorité silencieuse ? Pourquoi son silence fait-il autant de bruit ? Au fait, qui est cette majorité silencieuse ? Chez les Tunisiens, le mot « majorité » n'a jamais été sincère. N'oubliez pas la majorité qui, lorsqu'elle frôle les 99,99%, donne la légitimité à un despote, par exemple. Quant au mot « silencieuse », il a une très longue histoire avec le Tunisien, muet des années durant et c'est ce qui explique, en grande partie, cette ruée vers la parole libérée. Par contre, la majorité silencieuse a un avis et même plusieurs. Elle pense donc elle suit. Elle s'adosse à un chauffage pour partager ses craintes sur facebook. Elle se glisse sous la couette pour twitter les dernières théories politiques. Bref, elle est composée de militants dont l'emploi du temps les empêche d'être actants. D'ailleurs, avant de démissionner, Mohamed Ghannouchi, a rendu hommage à la majorité silencieuse qui l'a soutenu par la pensée. Le successeur est averti. La Tunisie postrévolutionnaire a perdu confiance en tout ce qui rappelle l'ancien régime. Alors, on est allé chercher très loin Béji Kaïed Essebsi (BKE, pour faire court dans les prochaines manifs), inconnu des jeunes, oublié par les moins jeunes. Va-t-il résister à la « Dégage attitude » ? On a tout intérêt car sinon, on devra chercher le prochain premier ministre parmi les ex-ministres de Lamine Bey ou même de Khaïreddine Bacha.