Si pendant plus de deux décennies sous le régime déchu, les Tunisiens ont été privés sciemment de culture politique, l'après 14 janvier a cependant, ouvert les portes à une véritable révolution politique ne ce serait-ce sur le plan des débats et même du jargon de tous les jours. Nos jeunes qui « excellaient », il y a à peine deux mois, dans les schémas tactiques du foot, dans les règles du hors-jeu et autres futilités, commentent et analysent, aujourd'hui, les articles de la constitution, débattent de la transition démocratique et se focalisent sur la nature du régime politique de demain. Il s'agit là, et en un laps de temps court, d'un acquis extraordinaire pour une véritable citoyenneté et de signes non trompeurs d'un passage à une nouvelle société politique. Ainsi, tout semble indiquer que la Révolution a remis les pendules à l'heure en Tunisie pour, enfin, réconcilier le citoyen avec la chose publique et le faire sortir de l'état de marginalisation que Ben Ali a usé de tous les moyens pour l'enraciner. Tout cela donne à notre pays l'occasion d'une vraie rupture avec des décennies de « sous développement politique » source principale de tous ses maux et principal handicap à tout autre développement qu'il soit économique, social ou autre. Mais, il n'en demeure pas moins qu'une véritable transition démocratique nécessite avant tout un encadrement politique des citoyens. C'est à l'évidence, le rôle de trois acteurs : les partis politiques, les associations et les médias. Mais à l'heure où nous en sommes, ces derniers semblent encore « sous le choc » et tournés plutôt vers le passé. On est dans l'analyse de l'ère passée pour « faire le bilan » ou pour voir comment en découdre. Aussi légitime soit-elle, cette démarche ne doit pas occulter la tâche principale, à savoir bâtir l'avenir démocratique du pays et réussir sa transition. C'est en somme l'heure des programmes réels pour l'avenir. L'heure pour les partis politiques de jouer leur rôle d'encadrement et de présentation de programmes d'avenir. L'heure pour les associations et les composantes de la société civile pour diffuser la culture du contrôle démocratique et de l'entraide sociale. Quant aux médias, c'est le moment des forums de débats, sur le quoi et le comment concernant la transition démocratique. L'acquis en culture politique qu'à offert la Révolution doit être mis à profit, notamment en vue du rendez-vous crucial du 24 juillet qui sera déterminant pour l'avenir de la Tunisie.