- Dès l'ouverture des frontières, des médecins bénévoles, seront à Ben Guerdane, Sfax et Tunis pour accueillir les patients venus de Libye. - Des médecins ont exprimé leur volonté de participer à la prise de position politique quant à l'avenir de la Révolution. - « Le service civil est une mesure discriminatoire pour les médecins » selon le Président du Conseil de l'ordre des médecins. La rencontre organisée à la Faculté de médecine de Tunis, samedi dernier, avait pour but de débattre de la question du « rôle du médecin dans la construction de la Tunisie moderne ». Ils étaient quasiment, 300 médecins, toutes régions et spécialités confondues, ayant répondu positivement à l'appel du Conseil de l'ordre des médecins. Le but étant de susciter d'utiles réflexions sur l'avenir de la Révolution. Ils sont légion les médecins ayant participé au secours de nos compatriotes depuis la Révolution du 14 janvier. A titre personnel ou dans un cadre associatif, les disciples d'Hippocrate ont répondu positivement à l'appel du devoir quand il était question de travailler dans l'humanitaire. Mais qu'en est-il pour la prise de position officielle des médecins ? « L'ordre des médecins représente les médecins sur le plan professionnel. Ces derniers doivent obligatoirement y adhérer sous peine d'être sanctionnés. Cela étant, on ne peut en aucun cas représenter les médecins sur le plan idéologique. On ne peut prétendre parler au nom de tous les médecins mais on a, tout simplement, ouvert une tribune libre pour collecter l'avis des uns et des autres sur cette période transitoire.» nous dit le Dr Néjib Chaabouni, le président du Conseil de l'ordre des médecins qui ajoute « Les médecins ont exprimé leur volonté à adhérer au ‘'Haut comité pour la réalisation des objectifs de la Révolution pour la réforme politique et la transition démocratique'', reconnu officiellement dans le journal officiel du 1 er mars 2011. C'est qu'ils veulent aussi participer aux décisions politiques.» Des collectifs de santé au secours des Libyens C'est aussi parce qu'il est encore des maux à soigner dans l'ensemble de la profession médicale. A commencer par la présence des médecins dans les zones défavorisées du pays. Le Dr Chaabouni nous a rappelé, dans la foulée, que des collectifs de santé du Conseil de l'ordre des médecins ont opéré depuis presque 15 jours des actions de soutien dans le sud, pour combler un tant soit peu les défaillances de la répartition des services de santé et pour y apporter des solutions provisoires en attendant le recrutement des médecins dans ces régions. Mieux encore, « Le but serait de s'organiser en équipes pluridisciplinaires pour effectuer des visites de trois jours en moyenne dans les zones défavorisées pour assurer des consultations. Une action qui se fera dans la durée. On veillera aussi à ce que des services de Kasserine et de Sidi Bouzid soient parrainés par d'autres du littoral ou du centre ville. Cela passe par l'amélioration du réseau de communication moderne entre les différentes régions du pays pour pouvoir, également, rapatrier les patients vers les centres de soins de référence. » fait remarquer le président du Conseil de l'ordre qui n'exclut pas le fait qu'un travail de bénévolat, et non des moindres, a été déjà fait pour aider tous ceux qui en ont besoin. Citons à titre indicatif que le carferry Al Habib qui a élu domicile à Benghazi depuis quelques jours était muni de pas moins de 400 poches de sang, une tonne de médicaments et que cinq médecins des nôtres ont accompagné le convoi. « Les médecins qui sont de retour aujourd'hui, ramènent avec eux quatre personnes gravement blessées. C'est notre devoir de médecins. » souligne le Dr Chaabouni. Mais ce n'est pas tout. Car des médecins, en collaboration avec le ministère de la Santé publique et le ministère de la Défense s'organisent en collectifs de santé pour soigner les malades potentiels qui afflueront dès que les frontières tuniso-libyennes seront ouvertes. Le Conseil de l'ordre des médecins a en effet, dressé la liste des bénévoles qui participeront à ces collectifs qui seront installés du côté de Sfax, Tunis et Ben Guerdane. D'autres questions étaient à l'ordre du jour de cette réunion du Conseil de l'ordre, comme le fait de créer de nouveaux postes pour les médecins, notamment dans les zones d'intérieur. « Le service civil est une mesure discriminatoire pour les médecins. On envoie des spécialistes pour un stage d'un an pour effectuer des prestations transitoires. Mieux vaut recruter les médecins dans ces régions pour qu'ils s'investissent dans la durée et la qualité… pour le bien du citoyen. » conclut le Dr Chaabouni.