Des centaines d'avocats et de citoyens jeunes et moins jeunes ont manifesté leur joie hier matin devant le palais de justice de Tunis, à l'annonce de la dissolution du Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD) décidée par un jugement en référé du tribunal de première instance de Tunis et la saisie de ses biens. Nous avons recueilli certaines réactions à commencer par celle de Me Faouzi Ben Mrad, qui représente le ministère de l'Intérieur qui, après avoir gelé il y a deux semaines, les activités de ce parti à introduit un recours en justice pour sa dissolution Me. Ben Mrad nous a déclaré : « Aujourd'hui, 9 mars 2011, est une date historique pour le peuple tunisien. C'est la réalisation de sa volonté. Comme ce fut le cas le 14 janvier le jour de la fuite de Ben Ali et de la victoire de la Révolution, ce peuple a souffert pendant 23 ans du despotisme de Ben Ali et de son RCD qui est un système de répression qui a transformé la Tunisie en une immense prison ».
Volonté
Quant à Me Abdessattar Ben Moussa ex-bâtonnier il a souligné : « Cette dissolution est venue un peu en retard. On a perdu à peu près deux mois qui ont pu certainement profité aux membres du RCD. Le ministre de l'Intérieur aurait dû tout juste après son investiture saisir la justice pour la dissolution de ce parti. Les différents troubles qu'a connus le pays pendant cette période sont l'œuvre entre autres de certains membres de ce parti. Reste que cette dissolution est très importante elle donnera à réfléchir aux partis politiques qui essayent d'exploiter la politique à des fins malsaines. Il faut que la nouvelle constitution contienne des paramètres pour lutter contre les dérives de certains partis politiques ». De son côté, Me Mohamed Jemour, ancien secrétaire général du Conseil de l'Ordre des avocats, il a exprimé sa totale satisfaction : « C'est la revendication du peuple tunisien. Le RCD n'était pas un parti qui avait une stratégie pour le pays ; Il est devenu un appareil de répression c'est l'appendice de l'appareil policier. Au RCD il n'y avait plus de militants qui défendaient un projet politique, ceux qui adhéraient à ce parti le faisaient par intérêt. C'est le parti des profiteurs et des opportunistes. C'est un appareil pour sécuriser le régime de Ben Ali et c'est tout à fait normal qu'il soit dissous ». Quant à Me Mounir Ben Smida, le président de l'Association Tunisienne des Jeunes avocats (ATJA) qui nous a affirmé qu'il a démissionné du RCD le 12 janvier dernier, considère que cette dissolution « est une revendication populaire et je salue cette décision ». Pour Me Nadhir Ben Yeder : « cette décision de dissoudre le RCD répond à une volonté populaire. Elle a plutôt un aspect médiatique, je considère qu'il ne faut pas dissoudre un parti il faut avant tout juger ses responsables pour les actes commis, parce que dans tout parti il y a des adhérents qui ne sont pas concernés par les crimes et les injustices commis par les responsables ou par d'autres militants». Néjib SASSI
Le RCD ?
Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) était un parti politique tunisien fondé le 27 février 1988 par Zine El-Abidine Ben Ali. Il est le successeur de deux partis plus anciens : le Néo-Destour qui est fondé le 2 mars 1934 par Habib Bourguiba et le Parti socialiste destourien (PSD) qui remplace le Néo-Destour le 19 octobre 1964 (toujours sous la direction de Bourguiba). Ce parti, sous ses différentes appellations, est au pouvoir depuis l'indépendance obtenue en 1956 et l'ancien président Ben Ali en est issu. Il a contrôlé la totalité des sièges attribués aux circonscriptions, soit 152 des 189 sièges de la Chambre des députés à l'issue des élections du 24 octobre 2004 (87,59 % des voix). Revendiquant 2 196 323 membres en 2008, soit un Tunisien adulte sur quatre, le parti compte presque deux fois plus de militants qu'à sa fondation. Jusqu'au début de la révolution tunisienne, le RCD est membre de l'Internationale socialiste dont il est exclu le 17 janvier 2011. Le lendemain, la quasi-totalité des onze membres du bureau politique quittent le parti ou en sont radiés, à l'image de l'ancien président Ben Ali.