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Des origines du hold-up du RCD sur la Tunisie
Publié dans WMC actualités le 11 - 03 - 2011

Le mercredi 9 mars 2011 est un jour historique pour de milliers de Tunisiens, car il annonce la fin du RCD (Rassemblement Constitutionnel Démocratique) qui a pris le pays à la gorge pendant 23 ans sous le régime de Ben Ali, sans compter l'époque de Bourguiba… Cette fin semble pour beaucoup d'entre nous un signal très fort, annonçant le début de l'accomplissement des objectifs de la révolution…
Il y a sûrement encore quelques vieux militants yousséfistes, qui ont dû se frotter les yeux et ouvrir grandes les oreilles. Comment «Hizb Eddostour» a été dissous et par la justice tunisienne en plus? Non! C'est un miracle qui s'accomplit?! Les vieux yousséfistes sont les premières victimes du Néo Destour entre 1955 et 1956, époque où les Bourguibistes les cherchaient pour les tuer ou les emprisonner car ils s'étaient ralliés aux thèses du secrétaire général du parti, Salah Ben Youssef…, contre Bourguiba!
La liste des victimes de ce parti est très longue, puisque devenu Parti-Etat, il avait entre ses mains tous les rouages du pays. Les victimes sont évidement les activistes politiques mais pas seulement car il y a eu des victimes économiques, sociales, culturelles…
L'histoire d'un hold-up
En 1962 et prétextant le coup d'Etat militaire avorté de Lazhar Chraieti, Bourguiba décide d'interdire tous les partis politiques en Tunisie. Il y avait surtout le PCT, Parti Communiste Tunisien, qui survivait tant bien que mal. Mais l'occasion était unique pour asseoir une fois pour toutes la mainmise du Néo Destour sur le pays.
A partir de 1964 et après le Congrès du Destin à Bizerte, Le Néo Destour devient, en un tour de mains, PSD, Parti Socialiste Destourien, et adhère à une approche politique collectiviste sous la houlette d'Ahmed Ben Salah, super ministre de l'Economie de Bourguiba. Les victimes du collectivisme furent des petits agriculteurs, des petits commerçants à qui on a enlevé le peu qu'ils avaient…
Dans la foulée de cette approche collectiviste, le PSD adopte une politique importée des démocraties populaires. Le Parti, tout simplement puisqu'il n'y a plus d'autre, doit quadriller le pays à toutes les échelles. Ce quadrillage est systématique et, en quelques années, les cellules destouriennes sont partout jusqu'au plus petit village et dans les entreprises et les administrations…
Les organisations nationales sont squattées de l'intérieur, comme l'organisation des femmes, des patrons, des agriculteurs. Même la puissante centrale syndicale, l'UGTT, est visée et elle ne doit son salut qu'à sa proximité d'Ahmed Ben Salah. D'ailleurs, le secrétaire général de l'époque, Ahmed Tlili, un grand militant nationaliste et un démocrate de la première heure, est vite viré pour dissidence contre les avis de Bourguiba.
La mécanique mise en place est redoutable. En quelques années, le Parti prend le contrôle de tous les rouages de l'Etat. Du plus petit omda dans un quartier et jusqu'au ministre, les fonctionnaires à échelle de décision sont systématiquement choisis par le parti. Une organisation parallèle à l'organisation territoriale est mise en place afin de parfaire ce contrôle. Les Fédérations territoriales collent aux délégations, les Comités de Coordination collent aux gouvernorats, le Comité Central du Parti fournit l'élite du pays au Parlement, dans le gouvernement, aux ambassades, à la tête de sociétés nationales …
Ben Ali Hérite de la machine du PSD
C'est de ce parti là que Ben Ali a hérité. Certes le PSD des années 80 était l'ombre de lui-même à cause du délabrement de l'appareil de l'Etat dans sa totalité. Mais le squelette reste entier. Des conseillers du nouveau président ont plaidé pour la création d'un parti présidentiel, mais Ben Ali, sachant l'importance du réseau constitué par le parti à travers son poste au ministère de l'Intérieur, et suivant les conseils d'autres personnalités comme Hédi Baccouche, mesurera l'importance de la machine et décidera de se l'approprier pour son compte. La suite on la connaît.
Ainsi, un Congrès du Sauvetage a été organisé en juillet 1988 et le parti change de nom pour devenir le RCD pour Rassemblement constitutionnel démocratique. Un vieux routier de la scène politique, Abderrahim Zouari, est propulsé au poste de secrétaire général, et les Bourguibistes notoires qui peuvent faire de l'ombre au nouveau président sont écartés sans ménagement. En un tour de main, et en l'espace de quelques mois, la machine redémarre en trombe. Le secrétaire général annonce rapidement les 2 millions d'adhésion. Ce n'est plus un parti, c'est un mastodonte, et une machine que tout un chacun intègre pour ses petits calculs personnels.
Le Parti du Changement ne change pas
Rapidement le RCD s'est renforcé, les locaux sont plus nombreux, l'argent coule des caisses de l'Etat mais également des hommes d'affaires et de simples citoyens qui veulent que leurs affaires soient protégées. Au départ, il y avait peut être des gens qui croyaient sincèrement à ce «renouveau», mais la nature du parti unique a rapidement pris le dessus. La nomenklatura, dont le nombre est de plus en plus gros, se sert allègrement. Le multipartisme de façade instauré par Ben Ali est la réponse qu'on fourgue à l'extérieur, au petit peuple et qui alimente la phraséologie du parti «responsable du Changement» et «parti de la majorité» dans toute la propagande qui est au service du nouveau maître.
La mainmise sur la société est renforcée d'une manière jamais atteinte. Toutes les revendications de l'opposition tunisienne sont squattées dans les discours du RCD pour les vider de leur sens. Les cadres de la gauche sont soudoyés et plusieurs acceptent d'adhérer au nouveau parti au point qu'on a parlé à certain moment d'une gauche RCD au sein du parti. Cependant, ils vont vite déchanter avec un rappel à l'ordre dès que cette thèse est diffusée à travers la presse.
Au fil des ans, le RCD est renforcé systématiquement même si, au point de vue intellectuel, l'indigence est flagrante, et les programmes et les nouvelles idées ne viennent que du gouvernement ou du Château avec le staff des conseillers du président. En revanche, la machine tourne à plein régime dans sa fonction d'embrigadement des citoyens et dans sa fonction policière puisque les «mourchidines», les indicateurs, sont très souvent des adhérents du parti en quête de quelques subsides. Mais les cadres aussi sont appelés à «fliquer» leurs supérieurs. Tout le monde fliquait tout le monde puisque, de toutes les manières, c'est la règle du travail au sein du Parti.
Cependant, et dès le déclenchement de la révolte à Sidi Bouzid, il a été clair que le RCD est complètement dépassé. Son secrétaire général, Mohamed Ghariani, s'est bien déplacé à Sidi Bouzid mais les quelques dizaines de ses militants qui se sont rassemblés au Comité de coordination n'ont eu aucun effet sur la population qui a dépassé sa peur.
Aujourd'hui, si la dissolution du RCD est une des premières victoires de la Révolution du 14 janvier, c'est à cause de toute cette symbolique que ce parti traîne avec lui dans l'histoire de la Tunisie.


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