Après deux mois d'arrêt de la compétition dans un bouleversement total du contexte social et mental, le moins qu'on puisse faire, à la veille d'une reprise prudente est d'établir l'état des lieux abandonnés à la discrétion des clubs, eux-mêmes déstabilisés quand ils ne sont pas parfois sinistrés. Mais ce n'est pas tant la situation particulière que chaque club a dû vivre durant ces semaines qui doit le plus mobiliser les esprits. C'est plutôt le contexte de ce qu'on a pris l'habitude d'appeler le « milieu » qui incite à la curiosité dans une reprise qu'en d'autres temps aurait ressemblé à une rentrée scolaire avec ses émotions fébriles et ses angoisses mal cachées. Cette fois, c'est l'âme meurtrie par les émotions fortes et porté par l'espoir que ce « milieu » tâchera de retrouver des repères que l'histoire a dû éparpiller ces derniers mois. Une rentrée pas comme les autres à laquelle il manquera le bruit et l'enthousiasme que seuls les gradins savent susciter. Car jusqu'à hier on ne savait pas s'il y aurait des restrictions. Il faut croire que les clubs ne chantent pas d'une même voix. Leurs représentants réunis mardi ont donné l'image de la discorde. Il y avait ceux qui étaient pour la reprise mais sans huis-clos et ni responsabilité du club quant à la sécurité. D'autres étaient prêts à jouer mais avec une indemnisation de la tutelle pour compenser ce qu'ils ont perdu depuis deux mois. D'autres encore penchaient pour le gel pur et simple du championnat sans l'avouer ouvertement. La cacophonie en quelque sorte avec pour thème central : l'argent pour survivre. Pour l'observateur, il devient clair que c'est sous cet angle que le changement doit être le plus tranchant. Car le « milieu » dont on s'est habitué depuis plus de deux décennies a bien perdu avec ses repères, ses tenants et ses aboutissants tels qu'ils étaient jusqu'au tout début de l'année 2011. Il est urgent d'anticiper sur l'avenir et entamer les réformes pour épouser l'air du nouveau temps. Après l'amateurisme et le bénévolat d'il y a un demi-siècle, après le professionnalisme inégal et le mécénat, après les Présidences suicide et celles sans contrôle, le temps est venu de réapprendre à vivre au réel, c'est-à-dire selon nos moyens. Plutôt que de chicaner comme mardi dernier sur une reprise lucrative et sans risque les présidents des clubs devraient penser à changer de mentalité. M.Z