Mounir JOMNI - En cette période de transition démocratique que vit la Tunisie, les craintes pour l'avenir politique du pays n'ont pas encore été totalement dissipées. Ce n'est pas un constat d'alarmisme, loin s'en faut, étant donné que la voie vers la demande politique majeure (Assemblée constituante) est d'ores et déjà dégagée. Pour autant, la grande inconnue demeure la forme que prendra le prochain système politique et les valeurs à inscrire dans la nouvelle constitution. La réponse sera donnée par les élus qui siègeront dans cette Assemblée à partir du 24 juillet prochain. C'est du poids électoral des uns et des autres et de leurs positions politiques que viendra naturellement la réponse. Mais pour le moment rien n'est encore garanti. La classe politique représente, aujourd'hui, une véritable mosaïque qui, même si elle est symbole de dynamique démocratique, ne permet pas pour autant de dégager une vision claire pour la prochaine étape. Face à plusieurs scenarii qui se profilent et la diversité idéologique de la scène politique tunisienne, il y a lieu de penser avant les élections à une sorte de plate-forme politique, à une charte ou toute autre forme consensuelle pour des valeurs communes. Ce n'est pas une mission ardue si on a la volonté politique de rompre réellement avec l'ancien système et surtout de s'inscrire dans la logique des nobles revendications de la Révolution. Ceux qui ont donné leurs vies et « arraché » par le martyr la liberté pour ce pays ont porté haut et fort les valeurs de justice sociale, de démocratie et de liberté. C'est être fidèle à ces messages que d'arriver à un accord entre toutes les parties concernées pour en faire les principes de la Constitution, indépendamment des résultats de la prochaine votation. Le poids d'un parti ou même d'une coalition de partis ne devrait pas faire obstacle à cet effet. Il s'agit d'une question d'éthique car c'est grâce aux martyrs et à eux seuls, qu'on vit aujourd'hui, cette nouvelle étape de démocratie. Il ne saurait y avoir aujourd'hui de légitimité autre que celle de la légitime la Révolution. Les partis politiques et la société civile sont dans l'obligation morale de concrétiser ces valeurs républicaines dans le texte et dans les faits.