Par Khaled GUEZMIR - Les dirigeants européens viennent de se réunir à Bruxelles pour essayer d'avoir, encore une fois, une position commune sur la Libye et comme on devait s'y attendre, l'Europe est encore en plein « désert » ! Des formules laconiques pour tourner autour du pot et, enfin, retour à la case départ ou plutôt la sortie de secours : « La légitimité ». Et tout le monde a bonne conscience d'avoir accompli son devoir y compris ce chef de gouvernement qui n'a pas trouvé mieux que de dire à la face de M. Sarkozy : « L'Europe traite avec les Etats et non avec les insurgés ou les révoltés ». Triste leçon et triste exemple à vous donner l'envie de répondre à ce monsieur : Mais d'où venez-vous … et où vivez vous !... L'Europe est-elle obligée, même au nom de la réal-politique et d'intérêts pétroliers sordides, en 2011, de composer et de « protéger » les dictateurs comme elle l'a fait du temps d'Hitler, Mussolini ou Staline ! Mais, alors, pourquoi le Tribunal de Nuremberg et pourquoi la chute du Mur de Berlin et pourquoi le procès de Milosevitc devant le Tribunal pénal international, si l'Europe s'accommode si bien du totalitarisme. A notre avis, la position française, exprimée par le Président Sarkozy, a sauvé l'honneur de l'Europe authentique, celle des peuples et des défenseurs des droits de l'Homme. Aucune personne, si naïve soit-elle, ne peut croire au discours de Kadhafi qui remue sans cesse son marchandage abominable sur son rôle de « gardien » des frontières de l'Europe contre l'émigration clandestine ou les percées terroristes d'Al-Qaïda. Peut-on prendre au sérieux un « illuminé » sanguinaire, en quête de sauver sa peau désespérément, quand il prétend, tenez-vous bien, défendre Israël, alors qu'il a toujours été contre les Juifs. Ce qui est, peut-être, un peu regrettable, c'est que la position française sur un sujet aussi dramatique et essentiel pour l'image de marque de l'Europe ait été prise sans la consultation préalable d'autres « locomotives » européennes et, surtout l'Allemagne. Tout le monde y perd, et surtout le peuple libyen livré à une répression sauvage sans précédent dans son histoire même du temps de l'occupation italienne en 1911. Il fallait ménager les susceptibilités de la chancelière Angela Merkel qui revendique, vu le poids économique de l'Allemagne, son rang de numéro 1 en Europe ou au moins, celui de numéro – 1 bis -. Le malheureux dérapage de l'Union pour la Méditerranée, qui a capoté pour les mêmes raisons, est bien là, pour rappeler aux dirigeants européens que l'Allemagne doit être consultée et prise au sérieux. Toutes ces hésitations, aussi bien de la part de l'Europe que des Etats-Unis d'Amérique, bien que ceux-ci soient bien plus déterminés à condamner et agir conter le tyran libyen et ses mercenaires, posent un problème crucial pour la communauté internationale et le droit onusien : à quand une nouvelle Déclaration pour instituer le droit d'intervenir, militairement s'il le faut, pour mettre hors d'état de nuire, un dictateur totalitaire qui se livre, froidement, au massacre de son peuple et lui refuse le droit à la liberté et à la dignité. Et pourtant, la Déclaration universelle des droits de l'Homme du 10 Décembre 1948, stipule dans son préambule : « Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'Homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité », et ajoute dans son article - 3 - « Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne » puis, enfin, reconnaît dans son article - 23 - alinéa 3 – : « La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics, cette volonté doit s'exprimer dans des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement au suffrage universel… ». Or, aucune de ces recommandations n'a été respectée par « le gouvernement libyen » qui ne comprend qu'un seul et unique dirigeant : Kadhafi. Pire encore, ce tyran n'hésite pas à assassiner et à bombarder les populations civiles désarmées rien que pour asservir le peuple libyen et le maintenir dans un totalitarisme qui dure depuis 41 ans ! Aux leaders européens qui hésitent encore à dénoncer et agir efficacement contre le système inhumain de Kadhafi et ses fils, je rappellerai comme l'a fait Bernard Kouchner, en citant le pasteur allemand : Martin Niemoller, dans son guide des droits de l'Homme : « - Lorsque les Nazis vinrent chercher les Communistes, je me suis tu : je n'étais pas communiste. -Lorsqu'ils ont enfermé les Sociaux démocrates, je me suis tu : Je n'étais pas social-démocrate. - Lorsqu'ils sont venus chercher les Juifs, je me suis tu : Je n'étais pas juif… - Lorsqu'ils sont venus me chercher, il n'y avait plus personne pour protester ». Eh oui, c'est ce qu'on appelle la complicité active ! Et dire que cela continue avec ce régime atroce et pourri de Kadhafi ! L'Europe n'a pas que des intérêts économiques à défendre elle est aussi dépositaire de certaines valeurs humanistes et universelles qu'elle ne peut ignorer. Plus que jamais elle est responsable au regard de l'Histoire.