Par Khaled Guezmir - Les dictatures ont aussi cette capacité d'adaptation à toute velléité de changement de « leurs » systèmes par une répression chirurgicale sans état d'âme à l'intérieur mais aussi par la mobilisation intensive des « intérêts » de l'environnement extra-sociétal. Du Bahrein au Yémen à la Libye, on s'acharne à tuer les manifestants sous prétexte de sauver « le pays » et « l'Etat » de la rébellion qui risque d'emporter des systèmes de gouvernement, finalement, bien commodes pour tout le monde, sauf évidemment pour ceux qui les subissent depuis des décennies. Pour revenir à « l'Etat », le grand classique du droit public Georges Burdeau (cf. « La démocratie »- édit. – seuil), les attributs de la souveraineté ne peuvent être légitimes que s'ils servent « l'intérêt général ». Ce qui nous ramène d'abord à cette définition géniale du maître de la science politique Aristote : « en démocratie les citoyens s'approprient l'Etat… alors que dans la tyrannie, c'est le tyran et sa famille qui s'approprient l'Etat ». Rousseau quant à lui nous donne aussi un beau concept de la démocratie en disant que celle-ci est le « pouvoir des gouvernés ». Ces orientations sont la base même de la légitimité de l'Etat qui doit, en échange du contrôle exclusif des moyens de la violence légale, à savoir la police, l'armée et tous les moyens de coercition y compris les armes à feu, assurer la vie paisible des citoyens, et protéger leurs droits inaliénables. Ces droits, ont été énoncés par toutes les révolutions universelles et leurs déclarations notamment la française de 1789, l'américaine de 1776, et la déclaration universelle des Nations unies de 1948, et sont : la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. M. John Kerry, ancien candidat malheureux à la présidence américaine contre Georges W. Bush, et président de la commission des Affaires étrangères au Sénat, a révélé officiellement que les Etats-Unis d'Amérique ont gelé – tenez vous bien – 31 milliards de dollars, d'avoirs, de l'ancien président égyptien Housni Moubarak. Ces avoirs représentent du liquide, des actions et des immeubles répartis dans plusieurs villes américaines. Ahurissant diriez-vous, mais il faut y ajouter tout ce que les Moubarak ont « investi » (de leur argent bien acquis bien sûr !) en Europe spécialement au Royaume Uni, dans les pays du Golfe et partout ailleurs en Asie et dans le monde. On parle d'une fortune estimée et vérifiable, à plus de 70 milliards de dollars, soit une fois et demi la fortune du « Number one » dans le monde, le patron de Microsoft : Bill Gates. Se pose alors le problème des sources de revenus si important pour un chef d'Etat supposé être un « fonctionnaire « , et même si son salaire est aligné sur celui du plus puissant de la planète Barak Obama qui avoisine les 72 mille dollars, on n'arrive même pas à imaginer les dégâts opérés par ce brigandage de haute-voltige sur le bien public ! Plus grave encore se pose la légitimité des Etats eux-mêmes dans la zone arabe. Quand nous apprenons qu'au Yémen, sans parler de Libye, car on est en plein surréalisme tous les postes décisionnels de souveraineté sont tenus par les enfants et les proches du dictateur Ali Abdallah Salah. C'est tout simplement la « milicisation » de l'Etat ! C'est dire aussi qu'il faut reconnaître à ces dictateurs – bandits quand même une certaine « moralité » de n'avoir pas encore « mis en vente » ce bien qu'ils ont eu « en héritage » : l'Etat ! Mais ils ne tarderont peut être pas à le faire un jour avant de chercher refuge chez leurs protecteurs complices. L'un de ceux là le génial ministre italien des Affaires étrangères M. Franco Frattini vient de proposer pour « régler le problème libyen », d'organiser un sommet « européo-arabo-africain ». Admirable n'est ce pas ! Il a oublié tout de même de préciser que la réunion aura lieu en l'an 3011 ! Quelque part sur la planète Mars ! Ce qui veut tout simplement dire : « Nous donnons un feu vert total à Kadhafi et ses fils pour anéantir le peuple libyen » comme l'a fait du reste un certain Mussolini ! Osons dire tout de même à M. Frattini que Kadhafi lui-même s'en est souvenu et a demandé à votre patron, M. Berlusconi, réparations… Que dire alors de la jeunesse libyenne qui lutte pour la survie et la récupération de son pays et de son Etat légitime après 41 ans de totalitarisme absolu ! Ne vous en faites pas… M. Frattini… Elle se souviendra ! Et l'Histoire aussi !