Raouf KHALSI - Et si Kadhafi renversait la vapeur ? Et s'il se réappropriait Benghazi ? Son armée a déjà « reconquis » Zouara : C'est à 70 kilomètres de la frontière tunisienne. Et s'il lui venait l'idée de s'en prendre à la Tunisie qu'il n'a jamais réellement aimée, depuis l'humiliation que lui a infligée Bourguiba au Palmarium et la convention d'Union avortée de Djerba ? Il n'a eu que des liens personnalisés avec Ben Ali et même le soutien tunisien du temps de l'embargo, dans son esprit, c'est à son « ami » et « frère » Ben Ali qu'il est redevable. Point à la ligne. Il est sûr que le gouvernement tunisien a pris ses prédispositions. Et en tous les cas, avec un homme capable de tout, il est tout à fait logique que nous sécurisions nos frontières. Car ce personnage est imprévisible et il nous avait déjà fait deux grands coups par le passé : le commando envoyé pour tuer Hédi Nouira et Gafsa. Et c'est, justement, parce qu'il est imprévisible et capable de tout, que nous ne comprenons pas les atermoiements des puissances mondiales sur la question libyenne, lors du G8. La France se sera battue jusqu'au bout pour convaincre ses partenaires quant à l'opportunité, quant à la nécessité impérieuse d'un feu vert de l'ONU à une action militaire. Pas de réaction. Plutôt que propose-t-on ? Des sanctions (oui, mais, quel type de sanctions ?) et un embargo militaire ! Cela s'appelle attraper des mouches avec du vinaigre. De surcroît, Madame Clinton s'est arrangée pour être évasive, refusant même toute aide militaire à ce qu'elle a appelé « les rebelles »… Une attitude typique dans les mœurs libérales occidentales, quand les Démocrates abdiquaient systématiquement face au Léviathan soviétique. Mais là c'est pire : le G8 attend de voir de quel côté tournera le vent. Et c'est déjà une victoire pour Kadhafi : il en fait une girouette !