Le théâtre tunisien ne s'est jamais porté aussi mal. Avant la Révolution, il y avait une main mise sur le secteur par certains artistes proches du régime en place qui occupaient les centres d'art dramatique et autres lieux de représentations prestigieux et étouffaient les créations les plus pertinentes en excluant leurs auteurs. Il n'y avait donc que pour eux. C'est pourquoi, le paysage théâtral est actuellement dans une situation lamentable. Pour colmater les brèches et redémarrer à nouveau sur de nouvelles base, syndicat, union et associations théâtrales ont pris les choses en main et se sont rendus chez le ministre de la culture pour évoquer leurs problèmes qui sont plus que nombreux. Le ministre leur a exprimé son soutien et son appui dans la mesure où ils se mettent d'accord sur un projet clair et précis de restructuration du secteur. De quoi souffre au juste le théâtre tunisien ? Tout d'abord, d'un problème d'infrastructure. Il y a une quasi absence d'espaces. Aucun nouveau théâtre n'est venu renforcer les théâtres déjà existants. Ces derniers sont peu et mal équipés, mal entretenus. Pour tout dire, ils sont délaissés dans le même état depuis belle lurette. Les budgets qui leur sont alloués ne permettent pas vraisemblablement à faire leur entretien encore moins à acquérir de nouveaux équipements. Ensuite, au niveau de la production, les aides accordées au troupes pour la production d'une pièce sont réparties de manière inégale. Il est évident que chaque création nécessite des moyens spécifiques compte tenu de l'importance du décor, du nombre de comédiens, de la lumière et de la musique mise en œuvre, mais l'écart est parfois considérable. Il se situe entre 100 mille dinars voire plus, à 2000 dinars et même moins. Ce qui se ressent au niveau de la qualité. Au niveau de la diffusion, certaines pièces de théâtre et elles sont nombreuses n'arrivent pas à réaliser un nombre d'entrée suffisant qui leur permettent d'être reprogrammées. Souvent, elles ne sont présentées qu'une seule et unique fois devant le public, puis elles s'éclipsent à jamais. Cela est du à une carence au niveau des pièces elles-mêmes qui ne proposent pas un sujet et un traitement dramatique susceptible de retenir l'attention des spectateurs. Ces derniers s'ennuient très vite et finissent par décrocher. Il y a aussi des problèmes syndicaux à surmonter comme les cachets des artistes, leur rémunération de création, leurs droits à la retraite et au soin. Tout cela mérite une attention particulière pour que le secteur ne reste pas marginalisé. Bien sûr, les artistes ainsi que toute l'armada des professionnels du quatrième art sont penchés sur ce grand corps malade et tentent par divers moyens de le remettre sur pied pour qu'il soit adapté à notre époque et surtout être à la hauteur de notre Révolution. La tâche est compliquée, le chemin est long, mais nos artistes ont du cran et ils ont promis de relever le défi en proposant des mesures urgentes et efficaces qui seront discutées au cours d'une réunion, le 2 avril prochain à Hammamet. Good Luck !