Le Temps-Agences - L'Empereur du Japon s'est solennellement adressé hier à son peuple, confronté à une aggravation de la crise nucléaire et à l'immense tâche de porter secours aux 500.000 sinistrés du séisme et du tsunami. «J'espère sincèrement que nous pourrons empêcher la situation d'empirer», a déclaré l'Empereur, Akihito, à l'occasion de cette adresse télévisée de quelques minutes. C'est la première fois qu'Akihito, sur le trône depuis 1989, intervient ainsi dans une situation de crise. L'Empereur s'est déclaré «profondément préoccupé par la situation dans la centrale de Fukushima», où s'est poursuivi hier l'enchaînement alarmant des accidents pour le cinquième jour depuis le séisme le plus fort de l'histoire de l'archipel. Après deux nouveaux incendies dans les réacteurs 3 et 4, la radioactivité mesurée à l'entrée du site a augmenté fortement vers 02H00 HT avant de baisser ensuite. «Le niveau de radioactivité près de l'entrée varie grandement d'heure en heure à des niveaux qui continuent à être nocifs pour la santé», a expliqué le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano. Le gouvernement a donc temporairement évacué hier matin les employés toujours sur le site, dont l'héroïsme a été salué par les médias japonais. La majeure partie des 800 employés avait déjà quitté les lieux sur ordre des autorités. La principale inquiétude concerne la piscine de stockage du combustible usé dans le réacteur 4, qui a été fortement endommagé par deux incendies survenus mardi. L'émission de rejets radioactifs y est jugée possible. Les autorités ont tenté, en vain, de déployer un hélicoptère pour déverser de l'eau afin d'assurer le remplissage de la piscine. Les enceintes de confinement des réacteurs 2 et 3, probablement endommagées, sont les autres sujets majeurs de préoccupation. Le gouvernement n'a pas annoncé hier de nouvelles mesures de précaution pour la population, au delà de la zone d'exclusion de 30 km autour de la centrale. Les radiations au-delà des 20 km «ne posent pas de danger immédiat pour la santé», a assuré hier soir M. Edano. A Tokyo, à 250 km de la centrale, l'inquiétude restait cependant palpable et l'activité fortement réduite. Les vents devraient y demeurer favorables aujourd'hui en poussant vers l'océan Pacifique les rejets radioactifs de la centrale, selon la météo. La peur est ressentie jusqu'en Europe occidentale, pourtant située à près de 10.000 km. Des pharmaciens en Allemagne et en France ont fait état d'une hausse des achats de pastilles d'iode. Le président américain Barack Obama s'est déclaré «profondément inquiet» pour les Japonais.