Le gouvernement canadien a annoncé mercredi l'entrée en vigueur d'une loi créée dans la foulée de la Révolution tunisienne et destinée à permettre à Ottawa de saisir les avoirs de dictateurs ou de régimes corrompus sans avoir de preuves formelles de leur origine criminelle. Malgré les demandes répétées des nouveaux dirigeants tunisiens, Ottawa a été incapable de saisir les biens de l'homme d'affaires Belhassen Trabelsi, frère de Leïla Trabelsi, épouse de l'ex-dictateur Zine El Abidine Ben Ali, qui s'est installé à Montréal. Les médias canadiens affirment que les avoirs au Canada de la famille de l'ex-dictateur sont compris entre 10 et 20 millions de dollars. Mais leur gel s'est avéré impossible en l'absence de renseignements exigés par la loi et que les nouvelles autorités tunisiennes n'ont pu fournir rapidement. La loi dite "sur le blocage des biens des régimes corrompus" devrait bloquer un éventuel transfert de ces avoirs vers des paradis fiscaux, comme le craignent l'opposition et la diaspora tunisiennes. "Le gouvernement du Canada dispose à compter d'aujourd'hui d'outils adaptés pour sa lutte contre la corruption et l'acquisition inappropriée de fonds de l'Etat par des dirigeants étrangers répressifs", s'est félicité dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon. "Cette loi permet au Canada d'intervenir à la demande d'un Etat étranger pour bloquer temporairement les biens que ces anciens dirigeants étrangers ou des membres de leur entourage ont placés au Canada", a-t-il expliqué.