• Finis les verdicts par téléphone ? Fini le trafic d'influence ? • Finis l'ostracisme et la chasse aux sorcières ? C'est sous le thème de l'indépendance de la Justice, qu'a eu lieu hier 26 mars, une rencontre organisée par l'Association des Magistrats tunisien aux pas perdus du palais de Justice de Tunis. A l'ouverture de la séance, M. Ahmed Rahmouni, président de l'association, a demandé à l'assistance d'observer une minute de silence à la mémoire des martyrs de la Révolution. Il a mis l'accent dans son intervention sur la nécessité d'une réforme du système judiciaire dans son ensemble, « vicié à la base, étant tributaire d'un régime dictatorial, qui affecte tout l'appareil judicaire. » Il importe, dit-il, de rompre totalement et définitivement avec le système judiciaire de l'ancien régime. Il importe de consolider les garanties qui s'imposent aux magistrats surtout en cette période transitoire,afin de protéger les acquis des libertés publiques et privées, et la changement dans la voie de la démocratie. La parole a été donnée ensuite à différents intervenants représentants les magistrats, les avocats et les auxiliaires de la Justice de tout bord. Maître Abderrazak Kilani , Bâtonnier de l'ordre des avocats, a affirmé que le principe de l'indépendance de la Justice est intangible. Cela permet de mettre fin, souligna-t-il aux pratiques de l'ancien régime qui encourageaient les abus et les malversations de toutes sortes. Le bâtonnier a salué par ailleurs le courage des magistrats qui ont dénoncé ces abus au risque d'être mis dans le collimateur voire de subir les pires exactions, comme ce fut le cas du magistrat Mokhtar Yahyaoui, qui eut la témérité de dénoncer les abus de l'ancien régime, par une lettre ouverte publiée sur Internet, qui a été transmise à tous les pays du monde. Le bâtonnier ne manqua pas de louer la témérité des femmes magistrats, connues pour leur intégrité, dont Kalthoum kennou, Raoudha Garafi, Noura Hamdi, Leïla Bahria et bien d'autres. Il a appelé par ailleurs à se méfier des ennemis de la démocratie, dont notamment ceux qui ont en quelque sorte retourné la veste, pour se transformer en donneur de leçons, afin de mettre les bâton dans les roues à ceux qui oeuvrent pour le changement dans l'intérêt général. Il a enfin insisté sur la nécessité d'une action collective entre les auxiliaires de la justice, en vue d'œuvrer pour l'indépendance de la Justice, meilleure garantie pour la démocratie et la liberté. Plusieurs autres intervenants ont pris la parole dont des représentants des auxiliaires de la justice, tels que les huissiers notaires de justice, pour affirmer leur totale adhésion au principe de l'indépendance de la Justice. Les interventions étaient entrecoupées par l'assistance, qui lançait des slogans tels que : « Le peuple demande l'indépendance de la Justice » ou scandait l'hymne national : « Namoutou…. » Lamia Ferhani, la sœur de l'un des martyrs de la Révolution a tenu à intervenir, afin d'exprimer en même temps son admiration et aussi sa peine pour les martyrs, à la mémoire desquels elle demanda à l'assistance de réciter la Fatiha, mais aussi sa joie, de voir que la Révolution a pu enfin déloger un tyran, et couper court avec un régime de dictature où seuls les abus et les malversations avaient droit de cité. La juge, Raoudha Karafi a pour sa part, fait judicieusement remarquer que l'indépendance de la Justice est à consolider de l'intérieur du corps de la profession, les juges ne devant avoir aucun ascendant les uns sur les autres. C'est le problème qui affectait depuis longtemps les magistrats et ne leur assurait pas la liberté d'action dans leur décision judiciaires, et ce notamment en cas de l'intervention et de l'immixtion de leur supérieurs hiérarchiques dans les décisions qu'ils sont tenus de prendre en leu âme et conscience. C'est la raison pour laquelle, il importe que les membres du conseil supérieur de la magistrature doivent être démocratiquement élus et que les supérieurs administratifs ne puissent intervenir que sur ce plan et non sur ce lui des décisions judiciaires. La rencontré a été clôturée par les slogans lancés par l'assistance, tels que : « Il faut juger Takari ; poin,t de lace aux abus dans un système judicaire libre… » La marche de protestation organisée, par la même association est parti du palais de justice, vers midi, et à laquelle ont participé entre autres plusieurs magistrats, et autres auxiliaires de la justice. Compte rendu par Ahmed NEMLAGHI