Au lendemain de la Révolution du14 janvier, on assiste à une résurgence d'un phénomène social qui prend des proportions alarmantes, à savoir la mendicité. En l'absence d'une loi interdisant la mendicité et profitant du désordre général qui a suivi la Révolution au niveau de l'ordre public et de la police municipale, plusieurs places publiques, carrefours, artères et centres commerciaux ont changé de décor avec la recrudescence de mendiants qui demandent la charité aux passants et aux automobilistes à longueur de journée. On en voit même des enfants et des filles en bas âge et d'autres en âge scolaire à part les jeunes et les adultes qui pratiquent cette « action avilissante » en s'exposant à des risques multiples (accidents, humiliations, injures, violence, arrestation…). Ces malheureux mendiants se faufilent parmi les voitures arrêtées au feu rouge ou se propagent sur les trottoirs parmi les piétons ou devant les mosquées et les boulangeries en faisant tout pour apitoyer les gens et grappiller quelques sous de plus. Et dire que la plupart de ces mendiants sont utilisés par des réseaux bien organisés ! Protéger des enfants innocents Il est vrai que la Révolution a fait ressurgir les cas de misère, d'indigence et de nécessité vécus par des milliers de familles dans les zones rurales que l'ancien régime a longtemps camouflés : les images diffusées quotidiennement sur nos chaînes de télévision apportent la preuve que ces familles ont été totalement négligées et laissées pour compte durant plusieurs décennies. La Révolution a heureusement fait entendre les voix de ces familles qui demandent leur droit à une vie normale, honorable, moyennant un emploi stable pour vivre à l'abri du besoin. Ce n'est donc pas un hasard si la majorité des mendiants qui se sont déployés ces dernières semaines à Tunis et ses banlieues et dans les grandes villes sont originaires de ces régions défavorisées. Que certains soient dans le besoin de pratiquer la mendicité par nécessité et pour subsister, le phénomène reste dans les limites du normal et du supportable, sachant que cette pratique existe même dans les pays les plus développés. Mais du moment que des mendiants se livrent à cette activité de plein gré ou pour le compte d'un chef impitoyable et sans scrupules, c'est là où le bât blesse ! Notre devoir, en tant que citoyens, sera de protéger ces enfants innocents contre cette forme d'esclavage qui consiste en l'exploitation inhumaine de ces petits êtres irresponsables et inconscients des risques à encourir. Les autorités doivent agir pour éradiquer ce phénomène intolérable qui repose sur l'exploitation d'autrui et l'accumulation de l'argent facile, choses dénoncées haut et fort par la Révolution. Mais il paraît que les autorités sont en train d'agir énergiquement contre ces bandes organisées ; on croit savoir que les agents de l'ordre public ont procédé récemment à l'arrestation d'individus agissant en bandes organisées faisant de la sous-traitance, engageant plusieurs personnes qui travaillaient pour eux. La mendicité, qu'elle soit pratiquée par nécessité ou comme un vrai métier, (et pour les Tunisiens, il n'est pas difficile d'en faire la différence) ne peut-être qu'un phénomène condamnable qui pourrait nuire à l'image de la Tunisie de l'après-révolution qui se veut une Tunisie où il n'y aurait plus de place à la misère, une Tunisie où tous les citoyens gagneront leur pain à la sueur de leur front et non aux dépens des autres, tels des parasites. Bref, la mendicité est à bannir de nos rues, tant elle représente l'une des traces de l'ancien régime !