Miró sculpteur est la première exposition de l'œuvre sculptée de l'artiste catalan à Paris depuis près de 40 ans. Présentées au Musée Maillol jusqu'au 31 juillet, les œuvres appartiennent pour la plupart à la Fondation Maeght et c'est Isabelle Maeght, petite fille du créateur de cette fondation qui en est la commissaire. Une centaine de sculptures hautes en couleurs, une vingtaine de céramiques et même des films où on voit par exemple Miró au sein d'un auditoire à la Fondation Maeght à St Paul de Vence écoutant le grand jazz man Duke Ellington. Dans un autre film Miró est dans sa fonderie surveillant avec minutie l'élaboration de ses bronzes. L'exposition au Musée Maillol montre un aspect peu connu de Miró : le sculpteur qu'il est devenu depuis sa rencontre avec Aimé Maeght, le collectionneur et créateur de la fondation Maeght. « Ce dont je me souviens de Miró, dit Adrien Maeght, le fils ainé, c'est sa gentillesse, son sérieux, alors qu'on a l'impression que tout cela est ludique, Miró était un homme très organisé, rien n'était fait au hasard. » Les titres des sculptures de Miró sont des poèmes à part entière: La marche pénible guidée par l'oiseau flamboyant du désert ou encore Monument dressé en plein océan à la gloire du vent. « Miró a été le premier artiste à décider à peindre ses bronzes, raconte Isabelle Maeght, commissaire de l'exposition, avec des couleurs vives, des couleurs primaires, donc le rouge, le jaune, le bleu, le vert, le noir bien entendu, mais le noir n'est pas une couleur. Et il est le premier à s'approprier le bronze et à faire du bronze une peinture. Donc, on est entre la sculpture et la peinture. En cela Miró est intéressant, il va sans arrêt transgresser les règles établies et pompières de la sculpture. » Des sculptures faites d'assemblages incongrus comme cette jeune fille coiffée d'un robinet aux longues jambes rouges. Chez Miró, les matériaux pauvres : cartons, outils, cartons, plaques de verre, croisent le bronze pour figurer des personnages. « Ce sont des personnages, ce sont des femmes. Miró était un amoureux des femmes, de la femme. Beaucoup de ses œuvres s'intitulent Femmes comme Les femmes oiseaux, les Constellations… Miró était un homme de conviction. La femme est une source d'inspiration infinie pour Miró et il va magnifier la femme tant en céramique qu'en bronze, bien sûr en peinture. C'est un homme qui va au bout de ce qu'il recherche. » Une recherche qui pousse Miró à explorer sans cesse de nouvelles formes et supports. Et à travers ses sculptures on redécouvre cet artiste d'une inventivité infinie. (RFI)