Tunis- Le Temps : Producteur de plusieurs grands événements culturels ; (Tabarka Jazz festival (jusqu'en 2003), Night in Tunisia, Mûsîqât, Médi Music, Concert duMillénaire, Plusieurs tournées, …), Mourad Mathari est derrière la réussite de nombreux concerts en Tunisie; (Sting, Eros Ramazotti, James Brown, Pink Martini, Kool & The Gang, Vaya Con Dios, Diana Krall, Herbie Hanckok, etc… ). Il est également organisateur entre autre, de «Jazz à Carthage», dont il vient d'annoncer l'annulation de l'édition 2011, suite à une succession de faits. A cette occasion, Mathari explique le pourquoi, en ces termes. « Avant tout, je voudrais rendre un grand hommage à tous les martyrs de la Révolution tunisienne, en formant des vœux pour que ce combat pour la démocratie, la dignité et la justice sociale, nous permette de construire tous ensemble, sur des bases solides, la Tunisie de demain… » Abordant la question de jazz à Carthage, il poursuit : «La préparation de cette édition 2011, qui se déroulait dans des conditions plus difficiles que celles des années précédentes —Révolution tunisienne oblige— a conservé la confiance des artistes et des équipes techniques qui se faisaient un plaisir de rendre hommage aux citoyens tunisiens. Convaincus de l'intérêt de maintenir la manifestation, tant sur le plan culturel que touristique et économique, je m'apprêtais à annoncer le programme le 1er mars, conformément au calendrier initial mais avec une motivation et un enthousiasme tout particuliers. Malheureusement, le manque de réactivité de l'administration, le manque de soutien de la part des départements qui sont censés soutenir ce genre d'activité, le manque de citoyenneté de certaines entreprises privées et plus particulièrement des assureurs, l'instabilité politique et sociale qui a paralysé le pays ces derniers jours a fait que le partenaire principal du festival a décidé assez tardivement de demander un report, puis exigé des conditions et garanties contraignantes pour l'organisateur et non prévues initialement. « La décision d'annuler cette édition de Jazz à Carthage me touche profondément, d'autant que nous étions heureux de participer à la relance de la vie culturelle et touristique du pays, encouragée par le gouvernement provisoire, mais cela ne nous empêchera pas de continuer à célébrer le jazz et à offrir des spectacles à la hauteur des attentes du public …». En enchainant avec la situation du spectacle en Tunisie, Mourad Mathari déclare : « On est en train de vivre l'anarchie des spectacles au nez et à la barbe de tous. Cette situation est devenue très préoccupante et des solutions doivent être apportées en toute urgence, afin d'éviter des dérives préjudiciables d'abord au secteur et ensuite au pays. Si avant le 14 janvier, notre secteur d'activité était handicapé, aujourd'hui il est paralysé. Durant l'ancien régime, le secteur, largement monopolisé par l'Etat, s'est progressivement libéralisé mais de façon à garder un monopole de fait du Ministère de la Culture pour les événements d'envergure et à favoriser des entrepreneurs appartenant à la sphère d'influence de l'ex Président, par le biais d'une certaine action associative (Besma, Farhat chabab Tounes, Saïda …) ou autres structures hôtelières… Quelques mois après le 14 janvier, les entrepreneurs et producteurs de spectacles se sentent toujours marginalisés et handicapés par une législation sévère, inadaptée et décourageante. Pourtant, ils souhaitaient participer à la relance de la vie culturelle et touristique en toute légalité. Par contre, les aventuriers de tout bord ainsi que les serviteurs de l'ancien régime s'y sont substitués et des spectacles « sauvages » sans autorisation ni cadre légal sont annoncés et réalisés en toute impunité. Cette concurrence déloyale d'une part, et, cette obstruction à entreprendre, d'autre part, sont inadmissibles et injustifiables et risque d'avoir des conséquences irrémédiables. Les précédents se multipliant, nous allons tomber dans une situation de non-droit et aucune autorité ne pourra plus essayer de réguler le secteur sans être accusée de partialité ou de complicité, ayant laissé faire certains et s'opposant à d'autres. L'anarchie nous guette et même ceux qui respectaient jusque-là une législation obsolète et inique ne pourront plus s'y résoudre et rejoindront, eux aussi par la force des choses le rang des organisateurs « anarchiques». Il serait tellement plus profitable à tous d'établir des critères objectifs et réalistes appliqués à tous. Soit, on ouvre pour tout le monde, soit on applique la loi pour tout le monde. C'est simple et surtout, plus juste ».