Il est vrai que la décision de n'admettre aux rencontres de ce week-end que des spectateurs censés appartenir exclusivement au club recevant n'est pas une trouvaille tunisienne. Déjà en Italie puis en France, ces dernières années, on a eu recours à cette discrimination. Mais où elle a pris un cachet bien local, c'est quand dans ces pays on a décidé d'exclure le public visiteur, c'était par mesure de rétorsion, une sanction en quelque sorte à l'encontre d'un public qui a fauté mais sans pour autant punir un autre, chez nous il ne s'agit point de punition mais de prévention. Bien évidemment un procédé qui consiste à couper la poire en deux en sanctionnant sans punir et qui n'a pas fait l'unanimité. La Fédération qui, dans ce cas, a préféré laisser aux clubs le choix de jouer ou pas, puis aux autorités de fixer la manière, a ostensiblement adopté l'attitude d'un Ponce Pilate soucieux de ne pas engager sa responsabilité. Quant aux clubs, ils n'avaient que le choix de tenter un risque, celui de perdre devant leur seul public et de le voir manifester son mécontentement. Pour prévenir cette éventualité et la circonscrire, on a trouvé la solution des stadiers. Pour ce faire, l'Espérance par exemple, va engager ce samedi, nous dit-on, cinq cents stadiers bien rémunérés, alors que la norme en Europe est de un stadier pour cent spectateurs. A moins que l'Espérance s'attend à recevoir 50.000 de ses fans. D'un autre côté, la reprise a été souhaitée par les clubs pour des raisons pécuniaires essentiellement. Or si l'Espérance ne perdra que le cinquième de sa recette habituelle que représentera le manque à gagner pour l'A.S.Gabès quand on le prive de quelques milliers de supporters clubistes susceptibles de faire le déplacement ? Si cette expérience perdure on voit mal des clubs comme l'ASM ou le CSHL s'en sortir si on les prive demain du public des grands noms lors qu'ils les recevront. Souhaitons que ce ne soit là que des hypothèses et que ce qu'on estime pour cette semaine des précautions, ne devient pas si on y persiste une sanction. Le football perdrait alors ses couleurs qui le font vivre pour devenir monochrome et ne parlant que d'une seule voix. M.Z