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Toilettage ou estompage?
De moins en moins de graffitis «révolutionnaires» sur les murs de la capitale
Publié dans Le Temps le 19 - 04 - 2011

Dimanche dernier, nous avons fait le tour des principales artères et places de Tunis où se tinrent les manifestations les plus marquantes de la Révolution, depuis la mi-janvier jusqu'à cette troisième quinzaine d'avril. Nous voulions voir ce qu'il était advenu des nombreux graffitis inscrits durant ce trimestre sur les murs de la capitale. Force d'abord de constater qu'aujourd'hui, il n'en est resté qu'un nombre extrêmement réduit par rapport à ce qu'on en relevait en janvier et en février.
Sur la Place de la Kasbah notamment dont les murs furent soumis, depuis, à un toilettage efficace qui estompa toutes les traces des deux grands sit-in successifs tenus sur les lieux en février. En ce moment, seuls quelques slogans à peine lisibles subsistent autour du siège du Gouvernement. Il en est de même des deux côtés du boulevard de Bab Benat : nous n'avons aperçu qu'un seul graffiti qui dénonce « la dictature des partis ». Sur les murs du Ministère de l'Education, point de trace écrite, mais plusieurs affichettes y sont collées par les 30 ou 40 diplômés qui, depuis la première semaine de février, ont élu domicile au milieu de la ruelle qui sépare ce bâtiment du siège du Ministère de la Justice. Il s'agit surtout de copies des articles journalistiques publiés sur le mouvement de protestation de ces jeunes chômeurs. Beaucoup plus loin, sur la Place Mohamed Ali, les employés de l'UGTT ont enlevé toutes sortes d'affichages et de graffitis. Même les banderoles en ont disparu. Sur l'avenue de France, on ne lit encore que trois graffitis respectivement sur Kadhafi, l'exercice des libertés et l'optimisme qui règne après le départ de « Ben Ali et ses quarante voleurs ».
Chronique bien originale
Ce sont les bâtiments de l'Avenue Habib Bourguiba qui portent encore le plus d'inscriptions « révolutionnaires ». Depuis le chantier du nouveau siège de la Biat, jusqu'à l'Africa en passant par l'entrée du Théâtre municipal, une sorte d'almanach des différentes phases et des diverses revendications de la Révolution est dessiné sur les murs, les portes, les rambardes, les escaliers, les vitrines et les colonnes dont regorge l'endroit. L'historien et le sociologue attentifs à ce genre de « documents » y puiseraient une chronique originale des principaux événements qui ont marqué la vie politique tunisienne durant les trois derniers mois : en effet, il y subsiste encore quelques « vestiges » du soulèvement du 14 Janvier et de la première période transitoire, une trace des contestations visant Mohamed Ghannouchi et les symboles du régime déchu, les appels à la « protection de la Révolution », à l'instauration d'un régime parlementaire, à la lutte pour la laïcité et au soutien de la cause « révolutionnaire » égyptienne, libyenne, yéménite et syrienne. Des slogans antioccidentaux contemporains des frappes de l'OTAN en Libye y sont également visibles ; d'autres plus ou moins discrets s'attaquent à M. Béji Caïd Essebsi, l'actuel chef du gouvernement, sinon à M. Habib Essid, son nouveau Ministre de l'Intérieur. En allant justement vers le siège de ce ministère, les slogans s'acharnent plutôt sur la police et ses « exactions ». Les graffitis les plus récents témoignent plutôt du passage par l'Avenue des manifestations islamistes dont les graffitis récurrents sont: « Dieu, donnez-nous de la force contre les dictateurs », « Vous avez les armes, nous avons la foi », « Nous vaincrons avec l'aide de Dieu », « Dieu est grand » ! Signalons au passage les contradictions flagrantes entre les slogans transcrits sur les mêmes murs : par exemple à côté des invectives dirigées contre la police, on lit des appels à la restauration de l'ordre ; au-dessus d'un slogan religieux, on relève « Vive la bière » ; en dessous d'un graffiti célébrant les émeutes du 25 février 2011, on écrit plus d'un appel au calme et plus d'une dénonciation du pillage et de la destruction.
Moins de violence, plus de civisme et d'humour
L'Avenue de Paris raconte à sa manière la Révolution tunisienne ; c'est surtout le mur mitoyen de la Bibliothèque Charles de Gaulle qui porte le plus d'inscriptions contestataires. En plus des slogans politiques désormais habituels visant des hommes du premier et du deuxième gouvernements provisoires, on relève des attaques contre toutes nos chaînes de télévision publiques et privées et l'on prévient contre un nouveau 7 novembre 1987. Curieusement, c'est là seulement qu'on rencontre des graffitis traduisant une ostensible satisfaction après le départ de M. Rajhi, l'ex-ministre de l'intérieur. Quant aux affichettes collées par-ci, par là du même côté, elles datent certainement du temps où le RCD n'était pas encore dissous. Remarquons aussi que là-bas, l'affichage le plus actualisé comporte un appel à une campagne de propreté organisée par un tout nouveau mouvement de jeunesse. A propos de civisme justement, nous avons remarqué que les graffitis relatifs à la période de mars-avril sont écrits plutôt en petits caractères et paraissent plus faciles à effacer que les slogans trop voyants de la période précédente. Le langage y est, d'autre part, moins grossier et de moins en moins politisé. Parfois aussi, les slogans dénotent un humour certain chez leurs scripteurs : n'est-ce pas le cas à propos de celui-ci qu'on lit sur un panneau de signalisation interdisant le stationnement des véhicules : « Du pain et de l'eau, mais surtout pas la grue de la police municipale !».
Les «témoins» de la liberté
Combien de temps survivront encore ces « témoins » de notre Révolution ? Rescapés de la campagne de nettoyage mural commencée à l'avènement de Béji Caïd Essebsi, ils constituent les pages encore intactes des archives de cette révolution historique. Il est vrai qu'à certains endroits, ils défigurent la capitale et certains de ses meilleurs sites urbains. L'entrée du Théâtre municipal l'illustre parfaitement. De plus, le désolant spectacle des détritus amassés durant la grève des ouvriers municipaux n'a fait qu'enlaidir le centre-ville. Mais avant que la capitale ne perde toute trace des graffitis « révolutionnaires », rappelons-nous que les murs de Tunis (ceux de toutes nos villes, en fait) jouirent eux aussi de la liberté d'expression acquise depuis le 14 janvier et n'observèrent aucune mesure pour dénoncer le despotisme, la soif de justice et les scandaleuses manœuvres des politicards de tous poils. Les artistes qui ont immortalisé les slogans muraux et organisé des expositions sur ces graffitis méritent une mention spéciale de notre part. Parce que dans ce cas précis, nettoyage et toilettage ne doivent pas signifier estompage !


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