• Le salut pourrait venir de la CNAM - Les effets de la crise dans laquelle se débat actuellement le secteur sanitaire privé à Sfax, deviennent avec le temps de plus en plus préoccupants, prolongeant la détresse d'un secteur au bord de la faillite. Quand on sait que le nombre de patients libyens admis dans les polycliniques, qui représentent 60% des malades admis étrangers dans ces établissements, a chuté de plus de 70%, pour la période du 1er janvier au 19 avril 2011, soit 3320 au lieu de 11156 pour la même période de l'année 2010, on se rend compte que les indices et les prévisions ne s'annoncent guère rassurantes pour la période à venir, l'on peut comprendre facilement les tourments des professionnels du secteur. Cette situation difficile à gérer est la résultante de trois facteurs conjugués, à savoir, la pléthore des polycliniques, la quasi absence des clients libyens et le poids des différentes charges à assumer par ces établissements. Le nombre de polycliniques en service est passé de 1991 à nos jours de trois à dix établissements, auxquels s'ajoutent deux autres en cours d'aménagement, dont l'un sera opérationnel incessamment. Une poussée accomplie en l'absence de couverture sanitaire et sociale, mais dont l'accélération s'explique ces dernières années par l'accroissement du flux de patients en provenance de Libye. Le secteur privé a connu depuis un essor remarquable, contribuant entre autres à résorber le chômage dans les rangs des cadres paramédicaux, réunis sous l'étendard d'un puissant syndicat. Il procure en effet aux environs de 2000 postes d'emploi à cette catégorie de personnel, et fait appel aux services de 500 médecins spécialistes et autant de médecins généralistes. Mais, alors que le secteur était sur sa lancée, et que les perspectives s'annonçaient des plus prometteuses pour le projet « Tunisie destination santé », les événements récents en Libye, ont plongé le secteur dans une situation jugée critique à tel point d'ailleurs que Youssef Ghayaza, président de la Chambre Syndicale des Cliniques Privées de Sfax (CSCPS) n'hésite pas à parler de « secteur sinistré » et de « situation catastrophique », ce qui fait craindre le pire « dans la mesure où les recettes ne couvrent plus les frais fixes », assure-t-il. « A moins d'une mesure salutaire, dans le cadre du décret-loi n° 2011-9 du 28 février 2011, portant mesures conjoncturelles de soutien aux entreprises économiques, la détérioration de la situation ne fera que s'aggraver, mettant en péril la capacité du secteur à honorer ses engagements vis-à-vis de son personnel paramédical, sachant que la masse salariale représente 40% par rapport au chiffre d'affaires des cliniques privées. », avertit-il D'après notre interlocuteur, le salut pourrait émaner de la CNAM, appelée à entreprendre une action de restructuration du système d'assurance-maladie en vigueur ainsi qu'une nouvelle campagne d'information, car à l'état actuel des choses, l'option pour la filière publique se fait automatiquement pour les affiliés qui n'ont pas opté clairement pour l'une des deux autres filières. La Chambre Syndicale des Cliniques Privées de Sfax, réclame par conséquent l'accélération de la procédure d'adoption de l'accord convenu avec les instances compétentes en 2010 et portant extension de la liste restreinte des vingt pathologies aux maladies cancéreuses. Elle demande également à ce que cette liste englobe des spécialités telles que l'orthopédie, la neurochirurgie et la chirurgie pédiatrique. Faute de quoi, le secteur, actuellement à la dérive, risquerait de crouler sous le poids écrasant de ses charges . A ce propos, Mohamed Ben Salah, directeur général d'une polyclinique privée a tenu à contester la thèse des recettes faramineuses des polycliniques, assurant : « Au meilleur de ses performances, une clinque ne dégagerait pas plus de 7% de bénéfices par rapport à son chiffre d'affaires ».