La scène littéraire et éditoriale post révolutionnaire en Tunisie vient d'enregistrer la parution de la première chronique de la Révolution tunisienne du 14 janvier et du premier numéro d'une Revue mensuelle dédiée à l'histoire de la Tunisie. Dans un article publié, il y a quelques semaines, sous le titre ‘' A quand une première chronique de la Révolution tunisienne'', nous avions formé le vœu de voir nos écrivains et essayistes, entreprendre, au plus vite, un tel projet, tant que le terrain est encore propice à la collecte de documents frais à ce sujet, qui risqueraient de se perdre, pour toujours, avec le temps, s'agissant, par exemple, des slogans et mots d'ordre écrits sur les murs, sous forme de graffitis, par les manifestants, et des témoignages vivants des familles des martyrs et des blessés vivants. D'ailleurs, beaucoup de ces graffitis ont été supprimés. Cette première chronique de la Révolution tunisienne est un essai en arabe intitulé ‘' Roman de la révolution tunisienne'', écrit par Nizar Chakroun, un auteur connu de plusieurs recueils de poèmes, pièces de théâtre et essais critiques. Il s'agit d'une véritable histoire évènementielle de la Révolution tunisienne qui en reproduit les péripéties, jour par jour , avec les moindres détails, du 17 décembre 2010, jour de son déclenchement à la suite du suicide spectaculaire son premier martyr, Mohamed Bouazizi, à Sidi Bou Zid, en s'immolant par le feu, jusqu'à la fin du mois de mars 2011. L'auteur n'oublie pas, au passage, de souligner les spécificités et le caractère typiquement tunisien de cette Révolution et écrit à ce propos, dans le premier chapitre de son essai intitulé ‘' le caractère tunisien'' : // la Révolution tunisienne naquit en dehors des scénarios traditionnels des anciennes révolutions , et il n'y a pas lieu de la comparer à une autre révolution. Elle a écrit sa théorie sur le terrain, dans le feu de l'action, avant que cette théorie ne soit formulée dans un quelconque livre ou une quelconque déclaration. Elle a engendré des révolutionnaires différents des révolutionnaires traditionnels, animés par l'aspiration spontanée à l'émancipation et unis autour d'une même cause, la quête de la dignité…// Le lecteur y trouvera aussi des détails peu connus sur divers aspects de cet évènement historique sans précédent, ainsi que sur le rôle joué par les différentes parties et les acteurs de la scène nationale, syndicats, presse, corps des métiers, outre les positions internationales observées à ce sujet. Un chapitre fort intéressant intitulé ‘'une famille à la base d'une corruption cancéreuse'' est consacré à la description du pillage systématique dont a fait l'objet la Tunisie sous le régime vicié de Ben Ali , de la part de sa famille et de ses gendres du clan des Trabelsi, ayant à leur tête sa femme, Leila, et ce avec l'aide de l'appareil corrompu de l'Etat. L'historique La première Revue tunisienne post révolutionnaire ayant pour titre ‘' l'Historique'', est éditée et fondée par Mohamed Ali Habachi, journaliste, écrivain et essayiste connu, dont il est le directeur fondateur. On lui doit, déjà, un livre en arabe sur l'histoire des tribus tunisiennes, et un autre livre en français, sur le Sahel et les Sahéliens, en Tunisie (gouvernorats de Sousse, Monastir et Mahdia). Il écrit dans un bref éditorial présentant le premier numéro de ‘'l'Historique'' : //C'est une publication indépendante qui se veut à la portée de tous, exposant, mensuellement, des chapitres et dossiers de l'Histoire de la Tunisie.// La Revue est constituée d'une partie en arabe et d'une partie en français. Son tire en arabe est ‘'Al Tarikhia''. La partie française de ce premier numéro présente des dossiers consacrés, entre autres, au Président Habib Bourguiba, au groupe ‘' Perspectives tunisiennes'' des années 1970, à feu le militant des droits de l'homme, le professeur Mohamed Charfi, avec un témoignage signé Khémais Chammari, et au 8ème congrès du Parti socialiste destourien (PSD), tenu, à Monastir en octobre 1971 et qui vit le lancement des premiers appels à la démocratisation du régime et de la vie politique en Tunisie, sous le gouvernement de Bourguiba. La partie arabe consacre un chapitre aux martyrs tunisiens anciens et nouveaux, à l'occasion de la célébration de la fête des martyrs, le 9 avril, et des dossiers consacrés notamment à l'élection de la première Assemblée constituante tunisienne, au lendemain de l'indépendance, en 1956, aux rapports entre Habib Bourguiba et Salah Ben Youssef, son concurrent dans la direction du mouvement de libération nationale, les évènement de Gafsa, en 1980, suite à l'infiltration, en Tunisie, d'un groupe de rebelles tunisiens armés, formé d'anciens résistants et de jeunes opposants exilés en Libye, via le territoire algérien.