Le Temps : Tout d'abord, quel est l'objectif de cette opération sur l'Eldorador Salammbô Hammamet ? Helion de Villeneuve : La Tunisie est la première destination pour Thomas Cook France. Nous envoyons chaque année 150 mille touristes français en Tunisie. C'est très important pour Thomas Cook qui ne cesse de se positionner sur la Tunisie, une destination balnéaire, francophone, à deux heures de Paris qui plaît énormément aux Français. C'est vrai que la crise actuelle a perturbé le marché. Les Français ont peur des derniers événements et se demandent toujours si la Tunisie est calme et s'ils pourront revenir à Hammamet et à Djerba. Nous souhaitons soutenir la Tunisie en nous investissant à fond dans ce beau pays. Dans ce cadre, nous avons lancé un grand programme de rénovation de nos hôtels notamment nos clubs Eldoradors à Hammamet et Djerba. Nous venons de lancer un nouveau concept new Eldorador en améliorant nos prestations et en montant en gamme notre production. Nous voulons des clubs tout compris accessibles à de très bons tarifs pour permettre aux Français de venir en grand nombre dans ce pays. Les derniers événements ont fait chuter le trafic. Nous avons de gros blocs aériens et dans ce cadre que nous avons décidé d'inviter 80 agences de voyages françaises qui vendent la Tunisie pour leur montrer que la Tunisie est calme et qu'on doit accompagner ce changement en Tunisie et de convaincre les Français à revenir. Certes la médiatisation des derniers événements a fait peur à nos clients. Mais actuellement tout se passe bien et il n'y a pas de risque pour visiter la Tunisie. Nous avons fait venir aussi 25 grands décideurs de grandes entreprises françaises qui envoient plusieurs groupes sur la Tunisie.
Comment s'annonce l'été?
L'hiver s'est bien passé. Les ventes étaient très bonnes. Pour l'été nous ne ferons pas le même chiffre que l'année dernière. Mais nous nous investissons à fond pour booster la destination en sponsorisant les touristes en offrant des billets d'avions pour qu'ils viennent nombreux en Tunisie. Le trafic a repris doucement mais les derniers événements de Marrakech ont recréé un nouveau frein. Nous ne reculons pas et je pense que ces efforts de faire venir les voyagistes nous permettront de sauver l'été. Nous continuerons nos actions avec la venue d'autres agents de voyages à Hammamet et à Djerba. Est-ce que la crise libyenne a des effets néfastes sur la destination Tunisie ? Il est évident que toutes ces crises ont créé des craintes sur notre marché. Plusieurs clients ont cherché des destinations de substitution comme les Baléares, la Grèce et la Turquie. La Tunisie, l'Egypte et le Maroc sont les destinations qui ont le plus souffert. La guerre de la Libye n'améliore pas la situation. Mais il ne faut pas faire d'amalgame entre la Tunisie et la Libye. On fera tout notre effort pour pousser la destination et soutenir la Tunisie.
Suite à cet attentat, nous avons eu 1500 annulations sur notre hôtel Eldorador à Hammamet !
Que pensez-vous de la campagne publicitaire de l'ONTT ?
Personnellement, elle m'a plu. Je trouve qu'elle est imaginative et à priori elle a de bons échos. Cette campagne essaie de rassurer les touristes malgré le couvre feu dans le Grand Tunis qui inquiète le client. Pour nous, la première chose est la levée de ce couvre feu. C'est notre premier souci.
Est-ce que vous avez baissé vos prix ?
Il faut savoir qu'au-delà de la révolution tunisienne, il y a une crise économique très lourde en France. Le pouvoir d'achat a fortement baissé. Le trafic a totalement croulé durant les premières semaines de la révolution avec des pertes de 70% et un arrêt des ventes sur la Tunisie. Nous avons été obligés de casser les prix. Cette baisse a fait revenir les touristes grâce à cette opération de paking Go où le client achète un voyage en lui offrant la deuxième. Ce sont des ventes à perte pour nous mais elles ont permis de faire vivre les hôtels.
Est-ce normal pour les tour-opérateurs français de demander des subventions à l'Etat tunisien ?
Ce qu'il faut comprendre c'est que nous sommes des entreprises privées cotées en bourse. Nous vendons le monde entier. La crise tunisienne a coûté 12 millions d'euros de perte pour Thomas Cook. Nous gérons des hôtels en Tunisie. Nous maintenons nos vols charters. Il faut les remplir. Ce n'est pas facile. C'est vrai que cette situation ne peut pas durer trop longtemps car il y a le risque que les TO détournent leurs avions sur d'autres destinations. Nous ne nous désengageons pas de la Tunisie. Mais il faudrait aider ces TO pour tenir ces vols car nous prenons beaucoup de risques actuellement. D'ailleurs pour maintenir le trafic sur la Tunisie, nous avons offert 50 mille sièges à nos clients gratuitement pour revenir en Tunisie. Nous avons espoir que le calme revienne au pays et que les élections de cet été se passent bien.
Que pensez-vous de la qualité des prestations offertes au touriste ?
La qualité de l'hébergement doit être améliorée. Nous gérons un certain nombre d'établissements en Tunisie. Il est vrai que c'est difficile pour les hôteliers qui subissent une crise de pouvoir continuer à investir dans l'amélioration des standards hôteliers. Toutefois, ils doivent faire un effort dans l'amélioration du parc hôtelier étant donné la concurrence rude des autres destinations.
En Tunisie, nous cherchons à accroître notre parc d'hôtels clubs. Comme vous le savez, le club Med est monté en gamme et tous les clients ne peuvent plus se payer le club méditerranée. A travers, l'Eldorador, la marque phare de jetours, nous souhaitons reprendre ce segment de clientèle abandonné par le club Med. C'est pour cela que nous lançons notre concept new eldo qui continue à améliorer notre prestation des clubs eldoradors avec plus d'animation. Propos recueillis par Kamel Bouaouina